psaltérion

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Désigne deux types d'instruments à cordes pincées.

1. On appelle ainsi la harpe grecque, de forme triangulaire et d'usage peu fréquent. Le terme est parallèlement employé au ive siècle av. J.-C. dans le Septuagint, version grecque de l'Ancien Testament, comme dénomination de la harpe biblique triangulaire. Cette assimilation se perpétue jusqu'au Moyen Âge, en particulier dans la Vulgate, version latine de la Bible réalisée par saint Jérôme, et se retrouve dans toute la littérature chrétienne du Moyen Âge. Sous les Carolingiens, cependant, le psaltérion biblique est maintenant décrit comme un instrument rectangulaire. À partir de cette époque, il apparaît sous ces deux formes, triangulaire et rectangulaire, dans l'iconographie, en particulier sur les tympans des églises. On commence également à distinguer sous les cordes, une table de résonance, qui ôte à l'instrument sa qualité de harpe.

2. Au xiie siècle se répand en Europe, par l'intermédiaire des Maures espagnols, une cithare trapézoïdale, le qanun ou canon. On ignore d'où provient son nom de psaltérion. Sans doute, du fait d'erreurs iconographiques successives, finit-on par identifier cet instrument à la harpe biblique ; en contrepartie, il influencera certainement les représentations de cette dernière (ce qui justifie peut-être l'apparition d'une table de résonance dans les reproductions). Sa forme varie beaucoup selon les lieux et les époques, les plus répandues étant le trapèze avec chœurs de trois ou quatre cordes au sud de l'Europe, alors qu'au nord, on préfère un trapèze aux côtés incurvés, dit « tête de porc » (c'est ainsi que le décrit Praetorius en 1619 dans Syntagma musicum), avec une ou deux cordes par note. On trouve l'instrument sous ces deux formes dans les Cantigas de santa Maria d'Alfonso El Sabio de Castille (xiiie s.). En Europe de l'Est, en revanche, certains instruments combinent les caractéristiques de la harpe et du psaltérion et portent alors le nom de « psaltérions-harpes ». Malgré ces divergences de forme, l'instrument est fixé à la fin du Moyen Âge. Il s'agit d'une table de résonance trapézoïdale, en général, s'ouvrant en rosaces, sur laquelle sont tendues parallèlement des cordes de métal (au lieu de boyau), soit individuelles, soit par chœurs de 2 à 4 et de nombre variable (aux environs de 10, en général), qu'on pince avec les doigts ou à l'aide d'un plectre. Cet instrument, très répandu en Europe jusque vers 1500 environ, est utilisé soit en soliste, soit dans des ensembles, et n'a pas de répertoire qui lui est propre. Il subira diverses transformations par la suite : frappé avec des marteaux, il deviendra le dulcimer ou tympanon ; et il suffira de le munir d'un clavier pour avoir le premier prototype de clavecin. Il s'est conservé sous sa forme originale dans la musique folklorique (gusli russe, kantele finlandais…).