polytonalité

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Procédé consistant à superposer deux ou plusieurs fragments appartenant chacun à une tonalité différente.

On trouve de fréquents exemples de polytonalité dans l'ethnomusicologie et aussi dans la musique polyphonique du Moyen Âge ou de la Renaissance. Dans une réponse en strette, par exemple, chaque partie semble souvent se mouvoir dans sa propre tonalité. Bach présente des exemples analogues (par ex. dans la fugue 8 de l'Art de la fugue, numérotation de l'éd. Leduc), mesures 23-31, le « grand sujet » apparaît au ténor en fa majeur dans un ensemble harmonique en mineur. Elle n'en est pas moins « cachée » par une harmonie monotonale, qui la fait passer inaperçue à l'audition superficielle. Les premiers exemples apparents, encore que toujours analysables monotonalement, apparaissent chez Beethoven, puis chez Wagner, et plus nettement encore chez Debussy et Richard Strauss. C'est à partir du Sacre du printemps de Stravinski (1913) que la polytonalité s'évade franchement de la consonance et de l'analyse monotonale (cf. D. Milhaud, Honegger), pour connaître, vers 1925, une période d'apogée qui durera jusque vers 1945 ; ensuite, elle cédera peu à peu la place aux tendances atonales prônées par l'école de Schönberg.