Vincenzo Galilei
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».
Théoricien et compositeur italien ( Santa Maria a Monte, Florence, vers 1520 – Florence 1591).
Venu à Florence comme luthiste vers 1540, il bénéficie très vite de la protection du comte Bardi, qui l'envoie vers 1563 à Venise étudier la théorie musicale avec Zarlino. Il s'établit ensuite à Pise, où il enseigne le luth pendant quelques années et se fixe à Florence en 1572. Très actif au sein de la Camerata florentine, il est une des grandes figures de la recherche théorique musicale de cette époque, au service de laquelle il met peu à peu exclusivement ses dons d'interprète et de compositeur. Après un premier traité, le Fronimo (1568-69), sur les transcriptions de chansons pour luth, il commence vers 1570 un manuel didactique (sans doute destiné à ses élèves), où il traite des idées exposées par Zarlino dans ses Istitutioni harmoniche, mais y trouve bientôt des contradictions avec certains principes de la musique grecque qu'il connaissait déjà. Il entre alors en contact en 1572 avec G. Mei, spécialiste romain de la musique grecque ancienne, et, pendant une dizaine d'années, s'établit une correspondance fructueuse entre les deux hommes (Galilei effectue même deux voyages à Rome pour s'entretenir avec Mei). Le résultat de cet échange est la publication à Florence, en 1581, du Dialogo della musica antica et della moderna. Il s'agit en fait d'une tentative de réforme de la musique de l'époque selon les principes des Anciens. Galilei y réfute tout d'abord les théories de Zarlino concernant l'accord et les modes, et dénonce les modes ecclésiastiques comme faux. Il établit ensuite que seule la musique monodique est apte à exprimer le sens profond d'une poésie et permet la déclamation du texte, et condamne certains effets des madrigalistes (peintures de mots). Pour illustrer ses théories, il met en musique dans le nouveau style monodique (avec accompagnement de luth) et exécute en 1582 devant les membres de la Camerata deux Lamentations de Jérémie et la lamentation d'Ugolino dans l'Enfer de Dante. Zarlino ne réplique qu'en 1588 avec les Sopplimenti musicali, et il est à nouveau attaqué par Galilei en 1589 dans le Discorso intorno all'opere di messer Gioseffo Zarlino, qui réfute ses déclarations sur les fondements mathématiques des lois musicales. L'auteur critique d'autre part les règles trop rigides de Zarlino et Artusi concernant les dissonances et en accepte certains types pour des raisons expressives, tels que les utilisait C. de Rore, par exemple. Les derniers essais théoriques de Galilei, non publiés, renferment des informations intéressantes sur certaines expériences acoustiques et sur l'étude de la génération du son.
Ces compositions reflètent les préoccupations théoriques de leur auteur. Outre les exemples donnés dans les traités et les Lamentations mentionnées ci-dessus, elles incluent deux livres de transcriptions pour luth (Intavolature de liuto…, 1563 ; Libro d'intavolatura di liuto…, 1584), qui s'attachent à reproduire l'aspect mélodique de la chanson dans un style assez homophone et à très forte tendance tonale. Avec ses deux livres de madrigaux (1584, 1587), en particulier le second, il est dans la lignée de C. de Rore et préfère la forme d'expression apportée par des mouvements chromatiques, des dissonances et suspensions harmoniques aux traditionnelles peintures de mot qu'il avait tant critiquées.
L'importance de Galilei est donc capitale dans l'histoire de la théorie musicale et dans l'évolution des formes (début du règne de la monodie accompagnée). Il est enfin le père du célèbre physicien Galileo Galilei.