Strauss
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».
Musiciens autrichiens.
Le père et le fils, tous les deux prénommés Johann, et dont, pour cette raison, on confond souvent les œuvres, d'autant qu'ils ont été successivement, à leur époque, des « rois de la valse viennoise ».
Strauss (Johann père), compositeur autrichien (Vienne 1804 – id. 1849). De milieu modeste et violoniste de formation, il fonde avec son ami Lanner un quatuor qui joue dans les brasseries. Ce quatuor s'agrandit bientôt jusqu'à devenir un petit orchestre de bals, de brasseries, de concerts-promenades. Johann Strauss fonda ensuite son propre orchestre, diffusant ses propres valses. C'est à cette occasion qu'il parfait ses connaissances dans les techniques d'écriture. Il devient le « roi de la valse », voyage énormément, est invité dans les cours. En 1846, il atteint la consécration officielle avec sa nomination comme directeur des bals de la cour d'Autriche à Schönbrunn. Affaibli depuis longtemps par la maladie (il avait eu une crise de méningite en 1839), il meurt de la scarlatine à Vienne en 1849, et ses obsèques sont l'occasion de grandes manifestations publiques. Son œuvre, parmi laquelle la célèbre Marche de Radetzky, est souvent attribuée à son fils. Elle comprend évidemment des valses (environ 150), mais aussi 14 polkas, 28 galops, 35 quadrilles, 19 marches, donc exclusivement des œuvres de danse et de divertissement.
Strauss (Johann fils), compositeur autrichien (Vienne 1825 – id. 1899). Son père s'opposa à ce qu'il suive comme lui la carrière musicale, bien qu'il lui eût offert des cours de piano. Il dut donc étudier pour devenir employé de banque. Après le divorce de ses parents, il monte, contre leur gré, son propre orchestre de musique légère, au casino Dommayer, devenant ainsi concurrent de Johann Strauss père qui essaie de le contrer. Mais peu avant la mort de ce dernier, il se réconcilie avec lui. Il se voit nommé, en 1848, chef de la musique municipale de Vienne, lors de la révolution qui avait mis son père dans une légère disgrâce. Quand ce dernier meurt en 1849, le fils fusionne les deux orchestres et entreprend de nombreuses tournées en Europe. La fatigue l'oblige, en 1853, à confier la baguette de cet orchestre à son frère Joseph, ingénieur, et à ne plus diriger que pendant l'été. En 1862, il épouse la cantatrice Jetty Treffz. Elle mourra en 1877, et il épousera successivement Angelika Dietrich en 1878, et Adèle Deutsch en 1889. Il est nommé en 1863 directeur des bals de la cour. Il délaisse alors complètement, pour raisons de santé, la direction de son orchestre, le confiant à ses frères Joseph (1827-1870) et Edouard (1835-1916), et se consacre à la composition de musique légère. Ce serait Offenbach qui l'aurait incité à s'attaquer à la composition d'œuvres plus ambitieuses, comme des opérettes. Mais sa troisième opérette, la Chauve-Souris, ne s'impose pas tout de suite. Fêté à son tour comme roi de la valse viennoise, ami de Brahms et estimé de nombreux compositeurs, il meurt en 1899 d'une pneumonie et on lui fait des funérailles nationales, en l'enterrant aux côtés de Brahms et de Schubert.
Parmi ses 15 opérettes, les plus connues sont Die Fledermaus (la Chauve-Souris) [1874], sur un livret original de Haffner et Genée ; Cagliostro (1875) ; Une nuit à Venise (1883) ; Der Zigeuner Baron (le Baron tzigane) [1885], livret de von Schnitzer ; Wiener Blut (« Sang viennois ») [1899] d'après sa célèbre valse, sur un livret de Léon et Stein. Il s'attaqua même à l'opéra avec Ritter Pasman (1892), sur un livret de Docsy. Mais ses œuvres les plus populaires sont ses valses viennoises. 170 environ sont cataloguées, certaines admirables et grandioses, dont An der schönen blauen Donau (« le Beau Danube bleu ») [1867] ; Künstlerleben (« Vie d'artiste ») [1867] ; Wein, Weib und Gesang (« Du vin, des femmes, et des chansons ») [1869] ; Wiener Blut (« Sang viennois ») [1873] ; Frühlingstimme (« Voix du printemps ») [1883] ; Kaiser Walzer (« Valse de l'Empereur ») [1889]. On lui doit aussi environ 80 quadrilles, 140 polkas, 45 marches, 32 mazurkas, etc.
Ses œuvres sont considérées comme la quintessence de la musique viennoise, et ont marqué de manière ineffaçable toute la musique : de Mahler à Ravel, en passant par Berg, beaucoup de musiciens « sérieux » lui ont rendu hommage.