prix de Rome

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Le concours de Rome était destiné, à l'origine, aux seuls peintres, sculpteurs et architectes. C'est Louis XIV qui décida de désigner annuellement les plus prometteurs d'entre eux pour les envoyer pour cinq ans à l'Académie de France que Colbert avait fondée à Rome en 1666. Le prix de Rome musical ne fut créé qu'en 1803 lorsque l'Académie des beaux-arts (créée en 1795) fut chargée de préparer, d'administrer et de contrôler l'épreuve de ce concours annuel ouvert à tous les Français célibataires de moins de trente ans. Les candidats devaient en un premier temps écrire une fugue et un chœur avec accompagnement d'orchestre. La section musicale de l'Académie (6 membres), sélectionnait 6 d'entre eux. Ceux-ci, enfermés en loge durant un mois devaient alors composer une scène dramatique à 3 personnages (appelée cantate), dont le sujet et le livret leur étaient imposés. La même section musicale, enrichie de 2 musiciens réputés, écoutait alors des cantates et proposait un classement. Mais le jugement définitif revenait à l'Académie des beaux-arts réunie au grand complet. De ce fait, le premier grand prix de Rome de la musique était désigné par un aréopage de 40 membres, dont 6 seulement étaient musiciens. Cette situation devait évidemment provoquer des mécontentements. Berlioz, en particulier, se révéla un violent contestataire (dans ses Mémoires), bien qu'il fût lauréat en 1830, après trois tentatives infructueuses.

Le candidat désigné comme premier prix pouvait se rendre à Rome comme pensionnaire de la villa Médicis durant cinq ans, à charge d'envoyer chaque année à Paris une œuvre de sa composition.

Si l'on considère la liste des prix de Rome, on constate que près de la moitié des lauréats, surtout ceux du xixe siècle, ont totalement disparu de l'histoire de la musique. Parmi les autres, on relève un certain nombre de compositeurs de second ordre, qui ont surtout fait carrière dans l'enseignement : Ambroise Thomas (1832), Ernest Guiraud (1859), Théodore Dubois (1861), Bourgault-Ducoudray (1862). Parmi les noms restés célèbres, il faut citer, outre Berlioz, Bizet (1857), Massenet (1863), Debussy (1884), Florent Schmitt (1900) et, plus récemment, Dutilleux (1938). Quelques autres lauréats se sont rendus célèbres dans d'autres domaines musicaux : le chef d'orchestre Paul Paray (1911), l'organiste Marcel Dupré (1914). Plusieurs femmes ont obtenu le premier grand prix : Lily Boulanger (1913), Yvonne Desportes (1932), Adrienne Clostre (1949). Le ratage le plus célèbre fut celui de Ravel. Le dernier lauréat fut Alain Louvier. La désignation des prix ayant à plusieurs reprises provoqué des incidents, voire des scandales, le concours de Rome fut supprimé en 1968.