Johann Friedrich Reichardt

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Compositeur et musicographe allemand (Königsberg 1752 – Giebichenstein, près de Halle, 1814).

Fils d'un luthiste, il s'inscrivit à l'université de Königsberg en 1767, et en 1771, entreprit le premier de ses nombreux voyages (Allemagne du Nord et Bohême). Il en rapporta une monographie sur l'opéra-comique allemand (Über die deutsche comische Oper, Hambourg, 1774, rééd. 1974) et des notes publiées en 2 volumes, dans le but notamment de répondre aux attaques de Burney contre la musique en Allemagne (Briefe eines aufmerksamen Reisenden die Musik betreffend, 1774 et 1776). En 1775, il succéda à Agricola comme maître de chapelle de l'Opéra royal de Berlin, et y dirigea des opéras à l'italienne de Graun et Hasse. En 1776, il épousa en premières noces Juliana Benda, et sa maison devint vite un lieu de rencontre pour artistes et intellectuels. Des congés lui permirent de se rendre à Vienne et en Italie (1782-83), puis en Angleterre et à Paris (1785). Confirmé dans ses fonctions de maître de chapelle par Frédéric Guillaume II de Prusse (1786), il noua des liens étroits avec Goethe et Schiller, et en 1789, collabora avec Goethe pour le singspiel Claudine von Villa Bella, qu'il présenta à Berlin. En 1790-1792, il voyagea de nouveau en Angleterre et à Paris, où il sympathisa avec les idées révolutionnaires. À son retour à Berlin, il publia sous un pseudonyme ses Vertraute Briefe über Frankreich (1792-93), ce qui en 1794 lui valut de perdre sa place de maître de chapelle.

Il s'installa à Giebichenstein, et en 1796, fut nommé par Frédéric Guillaume II directeur des mines de sel de Halle. En 1802-1803, il était de nouveau à Paris, et en 1806, Giebichenstein fut ruiné par l'occupation française. Nommé en 1808 directeur général des théâtres et de l'orchestre du roi Jérôme Bonaparte à Cassel (le poste devait bientôt être offert, mais en vain, à Beethoven), Reichardt effectua durant l'hiver 1808-1809 un voyage à Vienne, en principe pour y recruter des chanteurs. Il y rencontra Haydn, Beethoven et d'autres musiciens, et publia ses souvenirs de ce séjour dans l'intéressant volume intitulé Vertraute Briefe geschrieben auf einer Reise nach Wien und den österreichischen Staaten zu Ende 1808 und zu Anfang 1809 (Amsterdam, 1810).

Comme compositeur, son importance réside surtout dans ses lieder (environ 1 500 sur des textes de plus de 120 poètes différents) et dans ses ouvrages pour la scène, en particulier ses singspiels. Il abandonna définitivement l'opera seria italien et les imitations de Hasse et de Graun à partir de Tamerlan et Panthée (1785-86), ouvrages inspirés de Gluck, et Claudine von Villa Bella marqua l'introduction de la langue allemande sur la scène lyrique berlinoise. Dans ses œuvres instrumentales, il se montra plutôt conservateur, plus proche des disciples de Carl Philipp Emanuel Bach que de Haydn. On lui doit aussi de la musique sacrée. Comme écrivain, il publia notamment, outre ses souvenirs de voyage, d'intéressants programmes explicatifs pour le Concert spirituel de Berlin, et édita divers journaux et revues : Musikalisches Kunstmagazin (Berlin, 1782-1791) ; Musikalischer Almanach (Berlin, 1796) ; Berlinische musikalische Zeitung (Berlin 1805-1806).