Jean Martinon

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Chef d'orchestre et compositeur français (Lyon 1910 – Paris 1976).

Après avoir commencé ses études musicales au conservatoire de sa ville natale, il entra à seize ans au Conservatoire de Paris, où il étudia avec Albert Roussel (composition), Roger Désormière et Charles Münch (direction d'orchestre). Il reçut un premier prix de violon en 1928 et travailla, en outre, la composition auprès de Vincent d'Indy. Au moment où il aurait pu entreprendre une carrière de violoniste (1934-1936), il fut amené à remplacer Charles Münch à la dernière minute à Londres, et révéla des dons exceptionnels pour la direction d'orchestre. À la fin de la guerre, à son retour de captivité, il commença à diriger les associations symphoniques parisiennes, dont la Société des concerts du Conservatoire, comme suppléant de Charles Münch, tout en effectuant des tournées à travers le monde. Chef d'orchestre associé au London Philharmonic Orchestra en 1949, il assuma, à Paris, de 1951 à 1957, les fonctions de président-chef d'orchestre des concerts Lamoureux.

Directeur artistique de l'Orchestre de Tel-Aviv (1958), il fut nommé directeur général de la musique à Düsseldorf (1960), poste naguère occupé par Mendelssohn et Schumann. Se trouvant le premier musicien français à occuper de hautes fonctions en Allemagne, il continua sa carrière internationale ; son succès fut tel aux États-Unis, que, après quelques concerts à Boston et à Chicago, le poste de directeur musical de l'Orchestre symphonique de Chicago lui fut offert en 1965 ; il y succéda à Fritz Reiner, et y dirigea environ 150 programmes jusqu'en 1968, date à laquelle il prit la tête de l'Orchestre national de la radiodiffusion française. La dernière direction qu'il assuma (à partir de 1974) fut celle de l'Orchestre de la résidence de La Haye. Souffrant de n'avoir jamais été tout à fait consacré dans sa patrie, Jean Martinon fut l'un des rares chefs français à faire une brillante carrière internationale, à la suite notamment de Pierre Monteux et de Charles Münch. Il attachait beaucoup d'importance au disque, et on lui doit de nombreux enregistrements de Berlioz, Debussy, Ravel, Roussel, Honegger, Dukas, Saint-Saëns, mais aussi de Bartók, Prokofiev, Chostakovitch, Nielsen. Il fut le seul Français à recevoir la médaille Gustav-Mahler.

Jean Martinon a laissé le souvenir d'un artiste idéaliste, épris d'action, d'un humaniste à la pensée élevée. Malgré un calendrier toujours chargé, il s'est livré à la composition et a laissé une œuvre importante : 1 opéra (Hécube, 1949-1954), 2 oratorios (Psaume 136, 1945 ; le Lis de Saron, 1961), 4 symphonies, 2 concertos pour violon, 1 concerto pour violoncelle, 1 concerto pour flûte, des chœurs et de nombreuses œuvres de musique de chambre.

Un sens de la couleur, de l'équilibre et de la dynamique orchestrale caractérisent des symphonies comme la deuxième (Hymne à la Vie, 1944), ou la quatrième (Altitudes, 1965). C'est au moment où il était directeur à Chicago qu'il reçut la commande de cette dernière, pour fêter les soixante-quinze ans de l'orchestre. Ce geste était un bel hommage à son talent de chef et de compositeur. Le titre de l'œuvre rappelle que Jean Martinon fut un grand alpiniste. « Dans la vie turbulente des villes, a-t-il déclaré, nous sommes obstrués par nous-mêmes comme par les autres. En montagne, on recherche une purification, vers Dieu. »