Friedrich Wilhelm Marpurg
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».
Musicologue, théoricien et compositeur allemand (Seehof, Wendemark, 1718 – Berlin 1795).
Sa vie est assez mal connue. Issu d'une famille aisée, il reçoit une éducation très complète, puis dépense toute sa fortune en voyages. En 1746, il est secrétaire d'un général « Bodenburg » (il s'agit sans doute du général Friedrich Rudolph von Rothenburg) à Paris, où il rencontre Voltaire, d'Alembert et Rameau. À partir de 1749, il est à Berlin et participe alors très activement à la vie musicale, avec en particulier la publication de trois périodiques : Der kritische Musicus an der Spree (1749-50), Historisch-kirtische Beyträge zur Aufnahme der Musik (1754-1762, 1778) et Kritische Briefe über die Tonkunst (1760-1764). Il ne se limite pas à la critique musicale, mais se consacre également à la composition, à l'édition musicale et à la rédaction d'ouvrages didactiques. Il semble avoir été moins actif à partir de 1763, date à laquelle il obtient un poste à la loterie royale de Prusse, qu'il dirige trois ans plus tard. Il a composé et édité surtout des pièces pour clavier (sonates, fugues, préludes, chorals) et des chants strophiques (lieder et odes), d'un intérêt plus historique qu'artistique. Il accompagne ces publications d'ouvrages théoriques : Die Kunst das Clavier zu spielen (1750), Anleitung zum Clavierspielen (1755), Handbuch bey dem Generalbasse und der Composition (1755-1758), Anleitung zur Singcomposition (1758).
De tendance plutôt conservatrice, il est un fervent admirateur de l'art contrapuntique de J.-S. Bach (dont il préface une nouvelle édition de l'Art de la fugue en 1752) et écrit un Abhandlung von der Fuge (1753-54) qui, bien que considéré comme démodé à l'époque, est en fait la première tentative historique d'analyse globale de cette forme. Il a, d'autre part, le mérite d'introduire en Allemagne les théories françaises sur la musique (en particulier l'esthétique de Batteux), avec lesquelles il s'est familiarisé lors de son séjour en France. Sa traduction des Élémens de musique de d'Alembert (1757) permet aux idées de Rameau de se répandre. Ces différentes prises de position lui valent de nombreux adversaires (Kirnberger, G. A. Sorge). Dans ses périodiques au ton tantôt satirique, tantôt didactique, il aborde, outre les questions déjà signalées, les problèmes du tempérament, du récitatif d'opéra, et présente diverses biographies de musiciens. Son œuvre constitue ainsi un panorama très complet de l'Allemagne musicale à cette époque, qu'il approfondit par un certain nombre d'ouvrages : Anfangsgründe der theoretischen Musik (1757), Kritische Einleitung in die Geschichte und Lehrsätze der alten und neuen Musik (1758), Versuch über die musikalische Temperatur (1776), Legende einiger Musikheiligen (1786).