Carl Friedrich Zelter

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Compositeur d'orchestre et pédagogue allemand (Berlin 1758 – id. 1832).

Fils d'un maçon, il se fit connaître assez jeune, en particulier par un Concerto pour alto en mi bémol daté de 1779. En 1786, sa Cantate sur la mort de Frédéric II fut jouée dans l'église de la Garnison à Berlin. Entré en 1791 dans le Singverein (Société de chant) ­ ultérieurement Singakademie (Académie de chant) ­ de son ancien maître Carl Fasch, il en assuma la direction à la mort de ce dernier (1800), et conserva ce poste pendant près de trente ans, contribuant ainsi à fonder une tradition d'interprétation de la musique ancienne. Il devint membre de l'Académie des beaux-arts de Prusse en 1806, et professeur de musique à l'université de Berlin lors de la fondation de cet établissement (1809).

De 1803 à 1813, Zelter publia une série de sept mémoires sur la « réorganisation de la vie musicale de l'État et de la Ville, de l'Église et de l'École », fondant en fait l'enseignement musical tel qu'il devait se développer dans la Prusse du xixe siècle. En 1807, il fonda la Ripienschule, groupe instrumental destiné à accompagner la Singakademie et dont finalement devait naître en 1882 la Philharmonie de Berlin, et en 1809 le Liedertafel, prototype des sociétés chorales masculines allemandes du xixe siècle. Il fut à l'origine des premières exécutions berlinoises de la Création (un de ses articles les plus célèbres est celui qu'il consacra à cette œuvre dans l'Allgemeine musikalische Zeitung en 1802) et des Saisons de Haydn, et participa encore en 1822 à la fondation de l'Institut royal de musique sacrée, et, en 1829, à celle du département de la Musique de la Bibliothèque royale.

Zelter exerça sur la vie musicale berlinoise une influence durable et profonde. Il compta parmi ses élèves Mendelssohn (c'est dans le cadre de la Singakademie, et dans la continuité de l'action menée en faveur de Bach par Zelter lui-même, que ce dernier dirigea en 1829 sa fameuse exécution de la Passion selon saint Matthieu), Nicolai, Carl Loewe et Meyerbeer, et, pendant de nombreuses années, échangea avec Goethe une correspondance d'un très grand intérêt le faisant apparaître, en matière de musique, comme une sorte de conseiller de l'auteur de Faust. Comme compositeur, on lui doit notamment environ deux cents lieder (les premiers parurent en 1796), des cantates, de la musique sacrée et de nombreux chœurs pour voix d'hommes.