Pierre Barbaud

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Compositeur français (Alger 1911 – Nice 1990).

Après des études de lettres et de musicologie, il est bibliothécaire à la Bibliothèque nationale, puis professeur d'éducation musicale à l'Institut national des sports. Il entreprend, au cours des années 50, des travaux pour introduire la pensée mathématique et les méthodes qui en découlent dans la composition musicale. À partir de 1958, Barbaud utilise un ordinateur, devenu indispensable devant la complexité croissante des calculs, et abandonne la composition manuelle et la simulation pour la composition automatique. C'est le moment où il fonde le Groupe de musique algorithmique de Paris avec Roger Blanchard et Janine Charbonnier. On peut dire que les travaux et réalisations de Barbaud ont précédé ceux de Xenakis.

En remplacement de M. Philippot, Barbaud a enseigné au Conservatoire de Paris (1977-78) l'informatique musicale, c'est-à-dire « l'élaboration, au moyen de l'ordinateur, d'une partition qui soit cohérente au regard d'une certaine grammaire des sons ». L'informatique musicale permet l'établissement artificiel d'un discours musical, parfois fondé sur les concepts a priori de l'harmonie traditionnelle (Lumpenmusik, 1974-1978), et laisse souvent intervenir le hasard pur, à condition qu'aucune règle ne soit violée. Mais Barbaud préfère explorer des terres inconnues (Maschinamentum firminiense, 1971 ; Terra ignota ubi sunt leones, 1973). Son attitude intellectuelle est si rigoureuse qu'il s'oblige à prendre tels quels les résultats obtenus par l'ordinateur. Tant qu'il n'a pas eu de convertisseur numérique-analogique à sa disposition ­ c'est-à-dire jusqu'en 1974 ­, Barbaud a dû effectuer lui-même le décodage des résultats fournis et faire exécuter la partition obtenue par des instruments traditionnels. En 1973, il s'associe avec l'acousticien F. Brown et l'informaticienne G. Klein, et fonde le groupe B. B. K. (Barbaud, Brown, Klein). Dans les Marteaux maîtrisés, sa musique dépasse les possibilités des instruments, et l'ordinateur se charge de l'exécution.

Barbaud était persuadé que, à l'avenir, cette manière de procéder remplacerait la production artisanale de la musique.