Andrea Gabrieli
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».
Compositeur italien (Venise v. 1510 – id. 1586).
Ses débuts sont assez obscurs, mais il fut très probablement l'élève à Venise d'Adrien Willaert. Il fut chantre à la basilique San Marco, puis organiste à Vérone, et, vers 1557, organiste à l'église San Jeremia à Venise. Dès cette époque, il briguait le poste d'organiste à San Marco, mais s'en trouva une première fois évincé par Claudio Merulo. Ce fut en 1585 seulement, après le départ de Merulo pour Parme, qu'il put partager ces fonctions avec son neveu Giovanni. En 1562, il rencontra Roland de Lassus à la cour de Bavière, et poursuivit ses voyages jusqu'en Bohême et en Autriche. Puis il quitta l'entourage d'Albert de Bavière et revint à Venise en compagnie de Lassus. Il commença dès lors à écrire un certain nombre de musiques de circonstance, se chargeant par exemple des fêtes pour célébrer la victoire de don Juan d'Autriche à Lépante (1571). Au Teatro Olimpico à Vicence eut lieu en 1585 la représentation de l'Œdipe de Sophocle dont les chœurs furent l'œuvre d'Andrea Gabrieli.
Surtout compositeur de musique religieuse, Gabrieli a néanmoins écrit environ 250 madrigaux, d'abord à 3 voix, mais aussi faisant appel à des effectifs plus importants. Le recueil de 1587 contient des madrigaux allant de 6 à 16 voix. Profitant des excellents instrumentistes dont Venise pouvait s'enorgueillir, ainsi que des lieux dont les possibilités acoustiques pouvaient être exploitées, surtout à San Marco, il se lança dans la composition d'œuvres concertantes, dans la conquête de l'espace sonore, employant souvent deux chœurs (ou plus), dialoguant entre eux et placés à une certaine distance l'un de l'autre dans les deux tribunes opposées de l'édifice. Avec son neveu, il devait porter cette technique des cori spezzati à son apogée. Dans les œuvres vocales, il faut remarquer un plus grand souci de clarté du texte chanté par rapport aux musiciens de l'école franco-flamande. Les œuvres instrumentales, où le style fugué domine (Ricercari, Canzoni alla francese), sont écrites pour toutes sortes d'instruments. Le second genre est illustré notamment par une Battaglia, basée sur la célèbre composition de Cl. Janequin (Bataille de Marignan).