Tai Shan ou mont Taishan
Massif ancien de Chine, dans la péninsule du Shandong, culminant à plus de 1 500 m.
Situé au sud de Jinan, le Tai Shan est l'un des cinq sommets qui, dans la Chine antique, désignaient les cinq directions (est, sud, centre, ouest, nord). Classé par la Chine comme une merveille naturelle et une zone d'intérêt historique en 1982, le mont Tai Shan fut, en 1987, le premier site chinois inscrit par l'Unesco sur la Liste du patrimoine mondial. L'organisation culturelle indique que le Tai Shan « abrite des chefs-d'œuvre artistiques en parfaite harmonie avec la nature environnante. Il a toujours été une source d'inspiration pour les artistes et les lettrés chinois, et il est le symbole même des civilisations et des croyances de la Chine ancienne ». L'historien Guo Moruo y voit pour sa part une « représentation en miniature de toute la culture chinoise ».
1. Histoire du site
Le Tai Shan est le résultat d'une éruption de magma granitique qui eut lieu il y a 170-200 millions d'années. Il s'élève de façon abrupte au-dessus de la plaine environnante. La végétation couvre 80 % des 25 000 ha de l'aire inscrite au patrimoine mondial. Les crêtes du Tai Shan sont célèbres pour les pins et les cèdres qui les ornent en soulignant délicatement les plis des coteaux de la montagne et en créant l'un des paysages les plus fameux de toute la Chine. Plusieurs des arbres qui poussent sur ses pentes sont exceptionnels, comme le cyprès de la dynastie han, planté par l'empereur Wu Di il y a 2 100 ans.
Une présence humaine vieille de 400 000 ans y est attestée. Le site fut occupé au néolithique ; il se situait alors à la lisière des cultures de Longshan et de Dawenku. Lorsque la vision chinoise du monde se fût précisée, à partir de l'époque des Printemps et Automnes (période Chunqiu, 722-481 av. J.-C.), l'est fut identifié avec la naissance et le printemps, d'où l'importance essentielle du Tai Shan (« montagne de l'est » en chinois). Du fait de son caractère sacré et de sa signification spirituelle, le Tai Shan fut escaladé semble-t-il dès le Ier millénaire av. J.-C. par les empereurs, et jusqu'au xiie s., ce qui fait du Tai Shan la montagne dont l'ascension est la plus anciennement attestée au monde. La visite la plus célèbre est celle qu'effectua, en 219 av. J.-C., l'empereur Qin Shi Huangdi, qui s'accompagna d'imposantes cérémonies destinées à mettre en évidence le pouvoir du nouvel empereur. Soixante-deux rois d'avant Qin Shi Huangdi et douze empereurs postérieurs y effectuèrent des pèlerinages, accomplissant des sacrifices (feng) au sommet de la montagne (shan), d'où le nom de fengshan pour ces sacrifices particuliers.
Le mont Tai Shan devint très tôt un centre d'activité du taoïsme. Les premiers temples furent construits aux alentours de 350 av. J.-C. par un moine appelé Lang (temple de Lang et temple du Divin Rocher). Parmi les autres ouvrages taoïstes figurent le Doumu Gong (palais de la Mère du Boisseau), le Hutian lou (tour du Ciel dans la courge), le temple de la Princesse des nuages azurés…
2. Le site
Un escalier de 7 000 marches permet d'accéder au sommet. Tout le long du chemin se trouvent 22 temples, 97 ruines diverses, 812 plaques de pierre sculptées et plus d'un millier d'inscriptions sculptées à même la paroi rocheuse ; l'une de ces inscriptions fut tracée par Confucius, qui vécut non loin du Tai Shan ; une autre, le sutra du diamant, est la plus grande inscription de textes sacrés bouddhistes en Chine (période des Qi du Nord, 550-577). Le parcours commence par la Yitianmen (« première porte pour gagner le ciel »), portique en pierre érigé en 1717. Plus loin, le palais de la Porte rouge (Hongmen Gong), édifié en 1626, est encore un lieu de culte : des femmes y offrent des papiers dorés pliés en formes de lingots pour obtenir un fils. Après la Zhongtianmen (« porte du milieu pour gagner le ciel »), le Yunbu Qiao (« pont enjambant les nuages ») franchit une gorge étroite avant les ultimes escaliers qui permettent d'atteindre la Nantianmen (« porte du Sud pour gagner le ciel »), qui marque l'entrée sur le plateau supérieur du Tai Shan.
Sur les pentes du Tai Shan sont encore visibles les restes d'une longue muraille élevée au ve s. av. J.-C. par le royaume de Qi pour le séparer du royaume de Lu, au sud. De nombreuses tombes ont également été découvertes.
La conservation du site est rendue difficile par le très grand nombre de touristes et la continuation de diverses activités humaines dans les parages, notamment l'agriculture.