Dolomites
Massif des Alpes, en Italie, entre l'Adige et la Piave, le Val Pusteria et le Valsugana.
GÉOGRAPHIE
Les Dolomites sont une région calcaire qui s'étend sur les provinces de Trente, de Bolzano et de Belluno. Elles doivent leur nom au géologue dauphinois Dieudonné de Dolomieu (1750-1801), qui les étudia. Cette région dessine un quadrilatère dont les limites sont marquées à l'ouest par la vallée de l'Adige, au nord par la Rienza (Pusteria), à l'est et au sud-est par la Piave (Cadore), au sud-ouest par la Brenta (Valsugana). En réalité, c'est là une extension abusive de la notion d'Alpes dolomitiques. Dans les limites précédemment définies, soit environ 6 000 km2, il faut exclure un petit massif cristallin, la cima d'Asta (2 848 m), qui s'élève au-dessus de la Valsugana, ainsi qu'un vaste plateau de porphyre rouge qui, de Merano à Trente, sépare sur une trentaine de kilomètres la vallée de l'Adige des Dolomites proprement dites.
Un paysage original
Ce qui distingue d'abord les Dolomites, c'est leur paysage original par rapport à l'ensemble du relief alpin. Si leur altitude n'a rien de remarquable (elle se situe aux environs de 3 000 m, le point culminant, la Marmolada, atteignant seulement 3 342 m), l'aspect spectaculaire résulte de la juxtaposition de blocs bien individualisés, avec de grandes pentes verticales, coupées d'étroits replats horizontaux, parcourues d'innombrables fissures et se terminant soit par de hautes tables karstifiées (dans la Sella), soit par un hérissement de tours, de clochetons, de pinacles. Tout cela évoque d'immenses ruines. Il faut ajouter la variété des couleurs, car, au-dessus des verts des alpages et des forêts, le bleu des petits lacs, le blanc des talus d'éboulis, on découvre des teintes allant du gris-bleu à l'ocre et au rouge, et dont l'intensité varie selon l'éclairage.
L'explication de ce relief est d'abord donnée par la structure. Les calcaires qui constituent ces montagnes sont des dolomies, c'est-à-dire un carbonate double de calcium et de magnésium. La résistance de ces deux composants est inégale devant l'érosion ; d'où des reliefs ruiniformes. Les Dolomites forment un entassement de plusieurs centaines de mètres de dolomie triasique, reposant sur des roches plus tendres, des marnes. Au lieu d'être fortement plissées, elles présentent une disposition tabulaire, car elles ont été soulevées sur un dos de cristallin enfoui dans les profondeurs sans perdre leur horizontalité. Enfin, la suite de blocs isolés (Tofane, Cristallo, Sorapis, Antelao, Civetta, Sella, Catinaccio, Latemar, Lagorai, Pale di San Martino, Marmolada, etc.) ne peut être attribuée à la seule érosion des cours d'eau (ces blocs sont d'anciennes îles triasiques, comme l'indique le faciès récifal). L'érosion est cependant intense. La marque de l'action glaciaire est partout présente, bien qu'elle ait été moindre que dans les Alpes cristallines. Des cirques ont été façonnés et sont occupés aujourd'hui par de petits lacs. Certains ont une notoriété touristique (Misurina, Alleghe). Les vallées principales ont été approfondies et élargies ; les cols de flanc, de vallée à vallée, ont été abaissés par les diffluences glaciaires, ce qui facilite aujourd'hui les communications (cols de Pordoi, Falzarego, Sella, Gardena, Duran, Rolle). Les glaciers actuels sont très limités (Marmolada, Pale di San Martino) et en recul. Au bas des grandes parois, la végétation apparaît. L'étagement habituel en montagne se retrouve : au sommet les alpages, puis à partir de 2 000 m la forêt de conifères (sapin, mélèze, pin cembro), plus bas encore les cultures.
Ces montagnes ne sont pas vides, bien que la densité d'occupation soit faible. Des villages de grosses fermes ou de petits hameaux rassemblent une population attachée à la langue allemande et à des traditions germaniques. Il existe toujours l'exploitation collective familiale, sous la direction du frère aîné : c'est le maso chiuso. On y pratique la polyculture avec la culture des céréales et de la pomme de terre, l'élevage bovin, la coupe des bois. Un artisanat spécial demeure vivace : celui des sculptures sur bois à Ortisei.
Le tourisme, richesse des Dolomites
Le tourisme est la seule grande richesse des Dolomites. L'été, celles-ci sont fréquentées par les alpinistes, qui trouvent ici tous les types de difficultés ; il y a aussi l'afflux d'un tourisme de passage grâce à un magnifique réseau de routes, dont la fameuse route touristique des Dolomites. L'hiver, les champs de ski abondent, et les jeux Olympiques d'hiver ont déjà eu lieu à Cortina d'Ampezzo (1956). Les anciens villages se doublent de constructions neuves. Certaines stations ont une réputation internationale. C'est le cas de Auronzo di Cadore et de Misurina à l'est, d'Ortisei, de Canazei et de San Martino di Castrozza à l'ouest. La première station touristique est, sans conteste, Cortina d'Ampezzo (6 000 habitants), qui dispose de dizaines de pistes, de patinoires, de téléphériques, d'une école nationale de ski. L'arrivée annuelle de plus d'un million de visiteurs est un apport considérable à la région. Elle a arrêté le dépeuplement des vallées et renforce l'économie des villes qui commandent l'accès des Dolomites, Bolzano et Belluno. C'est là un exemple de montagne qui a su tirer parti au maximum de ses beautés naturelles et qui a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco en 2009.
ALPINISME
La conquête des Dolomites constitue une étape importante dans l'histoire de l'alpinisme. L'allure majestueuse des sommets, en dépit de la faible altitude, la verticalité des parois (souvent surplombantes) ont toujours attiré les alpinistes. Avec l'apparition des techniques de l'escalade artificielle, les voies du sixième degré ont été parcourues pour la première fois, entre 1920 et 1925, par des alpinistes allemands (E. Solleder et G. Lettenbauer à la Civetta) ; puis, à partir de 1930, les Italiens (E. Comici, R. Cassin) gravissent les dernières faces nord. Les sommets les plus célèbres sont : dans les Dolomites orientales, la Civetta et les Tre Cime di Lavaredo ; dans les Dolomites occidentales, les tours de Vajolet, le Sassolungo et la Marmolada ; plus à l'ouest, le massif de la Brenta.