résistance aux médicaments anti-infectieux
Cet article est extrait de l'ouvrage « Larousse Médical ».
Capacité que possède un agent infectieux pathogène (bactérie, virus, parasite) de s'opposer à l'action d'un médicament (antibiotique, antiviral ou antiparasitaire).
Par définition, une souche bactérienne est dite résistante à un antibiotique si la concentration minimale de cet antibiotique capable d'inhiber sa croissance est supérieure aux concentrations obtenues dans le sérum d'un malade traité à doses standards par cet antibiotique. Les mécanismes de résistance aux médicaments sont variés et peuvent coexister dans un même germe en superposant leurs effets : sécrétion d'enzymes inactivant le médicament, absence ou modification de la cible sur laquelle agit le médicament, absence ou modification de pénétration du médicament dans l'agent infectieux.
Différents types de résistance aux médicaments anti-infectieux
On en distingue deux sortes : la résistance naturelle et la résistance acquise.
La résistance naturelle, ou résistance intrinsèque, est celle que développe un agent infectieux contre un médicament donné sans jamais avoir été en contact avec celui-ci. Elle concerne toutes les souches d'une même espèce et constitue une caractéristique génétique de cette espèce.
La résistance acquise est la résistance développée par un agent infectieux contre un médicament auquel il était auparavant sensible. Elle ne touche que certaines souches au sein d'une espèce normalement sensible au médicament concerné. Elle peut être due à une mutation ou être le fait de l'acquisition par l'agent infectieux de matériel génétique facultatif (plasmides, transposons). La sélection en milieu hospitalier de souches bactériennes virulentes et multirésistantes fait toute la gravité des infections, dites nosocomiales, provoquées par ces bactéries. Une résistance acquise peut apparaître chez un malade en cours de traitement, mais aussi progresser au sein d'une population d'agents infectieux : le parasite du paludisme, par exemple, devient actuellement résistant aux antipaludéens traditionnels tels que la chloroquine.
Le bon usage des anti-infectieux
Le bon usage des anti-infectieux
La résistance aux anti-infectieux devient un problème majeur de santé publique. La surprescription d’antibiotiques aboutit à l’émergence de souches multirésistantes mettant en échec toutes les thérapeutiques.
La France, avec la Grèce, sont les plus gros prescripteurs d’antibiotiques, la consommation par habitant étant deux fois plus élevée que dans les pays scandinaves ou la Hollande. Cette consommation d’antibiotiques est directement liée à l’augmentation des taux de résistance bactérienne. L’effet est observé aussi bien en ville qu’à l’hôpital et il arrive désormais de devoir traiter de banales infections urinaires en milieu hospitalier par antibiothérapie lourde intraveineuse pour des germes qui ne nécessitaient qu’une prise par jour d’antibiotique par voie orale.
Cette émergence de souches résistantes alourdissant les traitements, et pouvant même disséminer dans la population certaines bactéries comme le staphylocoque doré, a abouti à l’établissement d’une politique nationale du bon usage des antibiotiques en collaboration avec la Caisse nationale d’assurance-maladie. Sous le célèbre slogan « Les antibiotiques, c’est pas automatique », les instances espèrent voir diminuer le nombre de prescriptions d’antibiotiques inutiles en préservant ainsi l’efficacité de ces précieux médicaments.
Dans les pays tropicaux, le même phénomène existe pour le paludisme avec une surprescription des médicaments antipaludéens aboutissant à une chimiorésistance. L’Organisation mondiale de la santé a, de même, publié des recommandations sur le bon usage des médicaments antipaludéens.