lèpre ou maladie de Hansen
Cet article est extrait de l'ouvrage « Larousse Médical ».
Maladie infectieuse chronique caractérisée par une atteinte de la peau, des muqueuses et des nerfs.
La lèpre est encore fréquente dans les régions intertropicales d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et d'Amérique latine. Elle touche de 10 à 12 millions de personnes, dont plus de la moitié n'a pas accès à un système de soins. C'est une maladie endémique. En revanche, la lèpre a quasiment disparu d'Europe occidentale depuis la fin du xve siècle. Pour les cas actuellement observés dans les pays développés, la contamination a eu lieu au cours d'un séjour prolongé dans une zone où la maladie sévit encore.
Causes
L'affection est due à une bactérie en forme de bâtonnet, le bacille de Hansen, ou Mycobacterium lepræ. La contagion n'est possible que dans certaines formes de lèpre (lèpre lépromateuse) ; elle s'effectue à partir des sécrétions nasales ou des plaies cutanées d'un malade, qui contaminent la peau (la plante des pieds nus) ou les muqueuses (muqueuse respiratoire) d'un sujet sain. Elle est faible, voire négligeable, dans les pays développés ; mais elle est favorisée par les mauvaises conditions d'hygiène et par la chaleur dans les pays tropicaux.
Symptômes et signes
L'évolution de la lèpre est très lente et s'étale sur plusieurs années. Après une incubation d'une durée de un à cinq ans, la maladie débute sous une forme dite indéterminée. Les premières lésions sont de petites taches dépigmentées, en général blanches, de quelques millimètres, où la peau est insensible et ne transpire pas. La maladie prend ensuite soit une forme dite tuberculoïde, soit une forme dite lépromateuse, ou encore une forme intermédiaire.
La lèpre tuberculoïde, la plus fréquente, se rencontre chez des sujets ayant des défenses immunitaires relativement efficaces. Elle lèse surtout les nerfs, qui augmentent de volume, notamment dans les régions du coude, de la jambe et du cou, et deviennent palpables sous forme de gros cordons réguliers ou parsemés de renflements et d'étranglements. L'évolution se fait vers une extension des lésions, un dessèchement progressif de la peau, des altérations des muscles et des nerfs entraînant des maux perforants plantaires (ulcérations), des rétractions des tendons et des aponévroses des pieds et des mains.
La lèpre lépromateuse, la plus grave, se rencontre chez les sujets aux défenses immunitaires très insuffisantes. Elle se traduit par l'apparition de lépromes, nodules rouge-brun douloureux, qui saillent sous la peau et sont suffisamment nombreux et volumineux pour être mutilants ; le visage, lorsqu'il est atteint de telles lésions, est dit léonin (évoquant un lion). Aux lépromes s'associent une rhinite inflammatoire très contagieuse qui peut entraîner un effondrement des cartilages, des atteintes des yeux, de la bouche et des viscères, une fièvre et une importante fatigue générale.
Diagnostic
L'infection est mise en évidence par une cuti-réaction spécifique (à la lépromine), la réaction de Mitsuda, chez les sujets atteints de lèpre tuberculoïde, et par une biopsie des lésions cutanées ou par l'examen d'un frottis nasal, qui révèlent de nombreux bacilles de Hansen, chez les personnes atteintes de la forme lépromateuse.
Traitement
La lèpre est traitée par l'administration de sulfones ; cependant, de nombreuses résistances à ce médicament étant apparues ces dernières années, on fait actuellement appel à d'autres produits (sulfamides, rifampicine, clofazimine). Le traitement doit être poursuivi très longtemps, de 6 mois à 2 ans, voire davantage dans les formes évoluées. Il guérit les formes débutantes et empêche l'évolution des formes graves.
Évolution
La lèpre est une maladie très mutilante, pouvant laisser après guérison de nombreuses séquelles. La chirurgie orthopédique permet de réduire les déformations mutilantes. Les névrites aiguës sont traitées par des interventions chirurgicales de décompression nerveuse.
Voir : léprome, lépromine, mycobactérium.