imagerie par résonance magnétique (I.R.M.)
Cet article est extrait de l'ouvrage « Larousse Médical ».
Technique d'imagerie radiologique utilisant les propriétés de résonance magnétique nucléaire (R.M.N.) des composants du corps humain (les protons, et en particulier ceux de l'eau).
L’I.R.M. fournit des images du corps humain de très haute qualité, avec des informations à valeur anatomique dans n’importe quel plan de l’espace ou en trois dimensions et des informations très variées dites « de signal » explorant les propriétés magnétiques de la matière. L’I.R.M. est devenue une technique d’imagerie très polyvalente et sophistiquée.
Elle utilise une machine spéciale, avec un aimant très puissant (des dizaines de milliers de fois le champ magnétique terrestre), un système d’antenne émettrice et réceptrice d’ondes de radiofréquence qui s’apparente à celui des radars, un ordinateur très puissant, etc. En rapport avec l’aimant très puissant qu’elle utilise, elle peut avoir des contre-indications. En dehors de ces cas, c’est un examen particulièrement bien toléré, réalisable sans hospitalisation et permettant d’éviter des examens invasifs ou à risque. Les indications de l’I.R.M. sont en constante augmentation.
Indications
L'I.R.M. est applicable au corps entier, souvent en complément d'examens d’imagerie de première intention (radiologie conventionnelle, échographie, scanner). Particulièrement pour les tissus mous, les images d’I.R.M. sont plus informatives que celles du scanner. Les principales indications sont :
— le diagnostic et la surveillance des maladies du système nerveux central : les pathologies cérébrales, de l’hypophyse, des voies visuelles, etc. ; de la colonne vertébrale et son contenu neurologique (la moelle épinière et les racines). Dans les pays développés, 70 % de l'imagerie du cerveau et de la moelle épinière sont réalisés par I.R.M., soit en complément du scanner, soit en première intention. En particulier, l’angio-I.R.M. tend à remplacer les artériographies cérébrales, les myélographies, discographies et autres examens invasifs ;
— le diagnostic de certaines maladies osseuses (particulièrement les tumeurs, les infections, les nécroses) et articulaires (les lésions méniscales et ligamentaires du genou, les lésions de l’épaule), les parties molles des membres ;
— des applications cardiaques spécialisées et vasculaires (angio-I.R.M.) ; des applications digestives, concernant d’abord le foie et les voies biliaires (cholangio-I.R.M.) ; des applications aux pathologies des reins et des voies urinaires, de la prostate ; des pathologies génitales féminines et des pathologies des seins ;
— en obstétrique, l’I.R.M. fœtale est en constante évolution et s’intègre dans un bilan imagerie fœtale en cas de suspicion d’anomalies révélées à l’échographie qui reste de première intention.
Principe
Lors de l'examen, les tissus du corps humain sont soumis à un puissant champ magnétique. Tous les protons qu'ils contiennent s'orientent alors dans la même direction. Dans un deuxième temps, les protons sont excités en étant soumis à une onde électromagnétique du type onde radio ; ils entrent alors en résonance avec l'onde et basculent tous ensemble selon le même angle. Dans un troisième temps, l'onde radio est brutalement interrompue ; les protons retournent à leur point de départ (temps dit de relaxation) en émettant une onde électromagnétique, dite de résonance, recueillie par des récepteurs et enregistrée. L'analyse informatique des ondes recueillies permet de construire une image où la densité de chaque point est fonction des ondes reçues, donc de la densité du tissu en protons à cet endroit. Le tout dure quelques millisecondes.
Déroulement
L'I.R.M. est un examen de réalisation simple, sans préparation complexe, ni hospitalisation.
Pour la préparation à l’examen, le patient est accueilli et invité à se déshabiller complètement – sans garder de montre, de carte bancaire, etc. – et à revêtir un peignoir. Il est introduit dans la salle d’examen, où se trouve la machine d’I.R.M. et installé en position allongée (habituellement sur le dos) sur le lit qui coulisse dans l’ouverture de la machine. L’antenne est adaptée à la région anatomique d’intérêt : pour la tête, elle a la forme d’un casque équipé d’un miroir permettant de percevoir la lumière ambiante. Le centrage est réalisé. L’examen peut commencer.
Le patient est prévenu qu’il doit rester immobile, que la machine fait du bruit (atténué par des boules Quiès), que l’équipe d’I.R.M. peut à tout moment communiquer avec lui et venir le voir si nécessaire.
De l’autre côté de la vitre, l’équipe d’I.R.M. programme les conditions de réalisation de l’examen. La région anatomique d’intérêt est explorée en plusieurs temps (les séquences), des images sont acquises et apparaissent sur les écrans de contrôle. Parfois, l’indication nécessite une injection intraveineuse de gadolinium, un produit de contraste spécifique de l’I.R.M.
Résultats
Les images sont reproduites sur films, papier ou CD-ROM. Le compte-rendu nécessite un temps d’interprétation. Il comporte le descriptif des aspects d’imagerie (les informations anatomiques, les informations de signal de chaque séquence, les artéfacts) et les conclusions du diagnostic d’imagerie (ce qui est normal, ce qui ne l’est pas, ce que l’on peut en déduire pour le diagnostic ou la surveillance d’une pathologie).
Contre-indications et effets secondaires
En raison du très fort champ magnétique qu’elle utilise, l’I.R.M. peut interférer avec les métaux aimantables et s’avérer alors dangereuse ou néfaste. C’est pourquoi il est nécessaire de rechercher systématiquement les antécédents chirurgicaux et les antécédents traumatiques avec plaie(s) qui peuvent avoir introduit un élément métallique dans le corps ; mais aussi de s’enquérir de certains matériels tels que prothèses auditives, stimulateurs externes, piercings et tatouages, etc.
Certains matériels constituent des contre-indications absolues. C’est habituellement le cas des pace-makers (piles cardiaques), des neurostimulateurs et de tout matériel électronique ; de tout matériel aimanté ou aimantable comme des matériels neurochirurgicaux (clips, valves), de certaines prothèses valvulaires cardiaques, de filtres caves. C’est aussi le cas de fragments métalliques accidentellement projetés chez les travailleurs des métaux, avec le risque particulier de cécité par déplacement d’un corps étranger métallique oculaire.
Certains matériaux métalliques ne contre-indiquent pas l’I.R.M., mais peuvent plus ou moins gêner sa réalisation par les artéfacts qu’ils entraînent dans la région examinée. C’est le cas de vis et de matériel d’ostéosynthèse, de prothèses, de certains matériels dentaires d’orthodontie ou de prothèse, d’agrafes chirurgicales.
L’I.R.M. a aussi des limitations. L’immobilité totale dans la machine est requise pendant une demi-heure. Il s’agit d’une contrainte qui rend l’examen plus difficile chez l’enfant, le sujet anxieux, claustrophobe ou agité. Une sédation peut parfois être prévue. Une corpulence excessive peut ne pas être compatible avec l’ouverture de la machine. Enfin, les délais de rendez-vous restent importants en rapport avec le nombre restreint d'appareils et avec le coût des examens.
Aucun risque lié au champ magnétique n'est connu à ce jour, y compris pour la femme enceinte. L'I.R.M. ne provoque pas d'irradiation, contrairement au scanner.