angine
Cet article est extrait de l'ouvrage « Larousse Médical ».
Inflammation des amygdales et/ou de l’oropharynx.
L’angine se manifeste par l’apparition d’une douleur constrictive de la gorge spontanée ou déclenchée par la déglutition (dysphagie douloureuse).
Les angines sont très fréquentes, occasionnant 10 à 12 millions de diagnostics par an en France. La plupart sont d’origine virale (70 % chez l’enfant, et 90 % chez l’adulte). Certaines angines bactériennes (à streptocoque du groupe A) peuvent se compliquer de rhumatisme articulaire aigu (R.A.A.) ou d’autres manifestations dites poststreptococciques, responsables d’atteintes rénales ou cardiaques chroniques. Pour éviter ce risque, il est recommandé de traiter par antibiotique les angines streptococciques. La difficulté est d’en faire le diagnostic à la consultation du médecin. Des tests de diagnostic rapide du streptocoque A (T.D.R.) ont été largement diffusés chez les médecins généralistes et les pédiatres pour obtenir ce diagnostic et limiter la prescription d’antibiotiques aux seules angines à streptocoques A. L’utilisation des T.D.R. depuis 2002 en France a permis de réduire la prescription d’antibiotiques chez l’enfant de plus de 30 %.
Différents types d'angine
L’angine érythémateuse, ou angine érythémato-pultacée, ou angine rouge, survient surtout chez l’enfant avant l’âge de 10 ans. Elle est le plus souvent d’origine virale. Le streptocoque du groupe A est en cause dans 25 à 50 % des cas chez l’enfant et dans 10 à 25 % des cas chez l’adulte.
L’examen de la gorge révèle un aspect rouge diffus et une augmentation de volume des amygdales. Celles-ci peuvent être recouvertes de points blancs qui correspondent à des amas de pus, faciles à décoller. Il existe en général des ganglions satellites douloureux au niveau sous-angulo-maxillaire (sous la mâchoire). À ces signes locaux s’associent souvent des signes généraux : fièvre plus ou moins importante, vomissements et douleurs abdominales fréquents chez l’enfant.
Le diagnostic d’infection à streptocoque A réalisable par les tests de diagnostic rapide (T.D.R.) permet de définir les cas où il faut prescrire un antibiotique actif sur le streptocoque (dérivé de la pénicilline ou céphalosporine ou encore macrolide en cas d’allergie aux pénicillines). En cas de récidive fréquente, l'amygdalectomie est conseillée.
L’angine pseudo-membraneuse, ou angine blanche, se caractérise par la présence sur les amygdales d’un enduit nacré ou grisâtre, confluent. Ces fausses membranes forment des pellicules blanchâtres faciles à enlever. On retrouve de volumineux ganglions cervicaux. La mononucléose infectieuse est la cause la plus fréquente d’angine pseudo-membraneuse. Elle touche l’adulte jeune et l’adolescent. Cette infection entraîne volontiers une fatigue importante et une fièvre élevée. Les antibiotiques ne sont pas indiqués.
La diphtérie était une cause redoutée d’angine pseudo-membraneuse. Aujourd’hui, cette maladie a pratiquement disparu des pays développés grâce à la vaccination généralisée. Cependant, il persiste des foyers en Europe de l’Est et en Afrique, incitant à la vigilance devant toute angine pseudo-membraneuse.
L'angine vésiculeuse est toujours d’origine virale et se caractérise par la présence de vésicules au niveau du pharynx sur une muqueuse inflammatoire, rouge. Les vésicules peuvent se rompre, donnant un aspect ulcéré. Les virus en cause sont l’herpès et certains entérovirus, comme les coxsackies.
Les angines ulcéreuses et ulcéro-nécrotiques se caractérisent par une érosion au niveau d’une amygdale, avec parfois extension sur le voile du palais ou la paroi postérieure du pharynx.
L’angine de Vincent survient surtout chez les adolescents et le jeune adulte ; elle est due à l’association de deux bactéries : le bacille fusiforme et le spirille. Le diagnostic, évoqué par l’haleine fétide et l’ulcération profonde recouverte de membranes grisâtres, est confirmé au laboratoire par un prélèvement de gorge dans lequel on retrouve l’association fuso-spirillaire au microscope après coloration.
Le chancre de la syphilis est caractérisé par une ulcération peu profonde, indolore. Le tréponème est retrouvé sur le prélèvement de l’amygdale. Ce diagnostic doit être plus souvent évoqué en raison de la recrudescence de la syphilis par transmission bucco-génitale, en particulier chez les homosexuels masculins.
Le traitement repose dans les deux cas sur la pénicilline ou ses dérivés. Une angine ulcéro-nécrotique traînante doit faire rechercher une leucémie ou une autre maladie hématologique.
Certaines leucémies, en particulier chez l'enfant, peuvent être révélées par une angine ulcéreuse ou pseudo-membraneuse.
Voir : amygdalite, pharyngite.