sottie

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Genre de pièce comique en vogue aux xive-xve s., la sottie se définit d'abord par la mise en scène de divers types de fous (les « sots »). Doit-on considérer la sottie comme un genre différent de la farce ? On tend aujourd'hui à les distinguer nettement : théâtre de divertissement ancré dans la réalité (de la famille, du métier), la farce vise un comique bonhomme et immédiat ; la sottie, dans un décor et un langage stylisés, est un théâtre de combat qui cherche à faire prendre conscience des vices d'une société. La sottie fait passer la société tout entière devant le tribunal des fous et montre, dans une action symbolique, que l'incohérence politique et morale mène le monde à sa perte. Alors que la farce met en scène des personnages bien typés (le mari trompé, la femme jouisseuse, les valets rusés, le médecin charlatan, etc.), la sottie joue sur des personnages de convention, des types abstraits (les sots ne portent souvent qu'un numéro ou un nom qui évoque la qualité du personnage : Tête-Creuse ; Sotte-Mine ; Rapporte-Nouvelles ; Temps-qui-court) incarnant des oppositions sociales ou politiques. Dans la farce, l'action est anecdotique et linéaire, le décor réaliste ; dans la sottie, l'action, plus statique, obéit à une logique démonstrative et n'a besoin que d'un décor réduit et symbolique (un siège sur une estrade entre deux portes). Théâtre d'action, la farce se fonde sur des personnages ; théâtre de raison, la sottie met en scène des idées.

On discerne divers types de sotties : la sottie-parade, qui garde les traits parodiques et scatologiques de la Fête des fous (les Vigiles de Triboulet, Sottie de Trotte Menu et Mire Loret, Sottie des Copieurs et des Lardeurs) ; la sottie-jugement, exercices d'entraînement des futurs magistrats du cérémonial de la justice (Sottie des sots triomphants qui trompent chacun, Sottie des sots fourrés de malice, Sottie des chroniqueurs de Gringore, Sottie pour le cri de la Basoche) ; la sottie-action, d'apparition plus tardive, qui est très proche de la moralité allégorique (Sottie des sots écornés, Sottie des sots ecclésiastiques qui jouent leur bénéfice au content, Sottie des Trois Galants). À la fin du xve s. et au début du xvie, on remarque des formes « bâtardes » comme la sottie-rébus, où l'action repose sur des jeux de costume et de mots, destinés à déjouer la censure qui se fait plus vigilante (Sottie des béguins, 1523) et qui finira, sous François Ier, par faire disparaître le genre.