poésie lyrique
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
La poésie lyrique se réfère à la lyre, attribut symbolique du dieu Apollon et des héros fondateurs de la musique et du chant (Orphée, Arion). Dans la poésie antique, on désigne traditionnellement comme « lyrique » tout poème destiné à être chanté (ceux de Pindare, d'Alcée, de Sappho, etc.), et dans la tragédie, tout ce qui est du domaine du chœur (« les parties lyriques »). La distinction s'appuie sur une différence de rythme et une disposition particulière du discours en strophes (par rapport à l'épopée, ou aux parties narratives ou dialoguées des œuvres dramatiques). Mais elle repose simultanément sur une différenciation des attitudes et des émotions qui permet de reconnaître des genres : épique, lyrique, tragique, comique, satyrique. Dans le langage de la Pléiade, lyrique semble caractériser l'ambition d'une poésie « noble », adaptée à l'expression de sentiments élevés : la lyre – par rapport à la flûte, instrument de bergers (cf. le mythe du concours de prestige entre le dieu de la lyre, Apollon, et le satyre Marsyas, dont l'instrument est la flûte de Pan) est dans la hiérarchie l'instrument prestigieux. L'acception moderne, popularisée par le romantisme et l'enseignement scolaire, fait de la poésie lyrique celle qui développe un discours centré sur le je, exaltant des sentiments et des passions généralement douloureux (le « lyrisme » de Lamartine). Discours qui peut s'ouvrir, dans le jeu de l'innocence et de la mémoire (c'est ainsi qu'Ungaretti définit le lyrisme), soit sur un « chant du monde » où nature et sentiments s'appellent dans une mutuelle évocation (Saint-John Perse), soit sur le constat de la misère de la parole qui impose l'élégie (Rilke).
La définition du lyrisme est dans la poésie française du « vingtième siècle et demi » (Biga) l'enjeu de polémiques. Vers 1980, on parle, pour des auteurs comme Réda, Goffette, Lemaire, d'écritures « néolyriques », plus attentives au sermo pedestris qu'au sermo sublimis. Ces pratiques ont intériorisé les critiques du lyrisme faites dans les années 1970 par le structuralisme. Une langue plus sobre, à fleur de mots, s'interdit l'emportement par amour de la mesure. Ce lyrisme est critique ou bien tempéré. À l'opposé, les « antilyriques » sont partisans d'une littéralité qui s'appuient sur un mot prêté à Rimbaud, « littéralement et dans tous les sens ». Chaque « camp » a ses théoriciens, ses revues, sa part du dispositif éditorial littéraire, ses œuvres de qualité.