mouvement du 4 mai
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Ce terme désigne trois événements : 1º la manifestation des étudiants à Pékin, le 4 mai 1919, contre le traité de Versailles ; 2º le mouvement de révolution culturelle et sociale, entre 1916 et 1921 ; 3º la révolution littéraire qui en est à la fois le début et le résultat. Ces années voient l'intelligentsia en proie à des contradictions qu'expriment des précurseurs tel Liang Qichao. L'introduction des idées occidentales, le nombre croissant de jeunes formés à l'étranger conduisent à une réflexion sur littérature et société. Les deux leaders du mouvement, Hu Shi et Chen Duxiu, écrivent dans la revue la Nouvelle Jeunesse (Xin Qingnian), créée à Pékin par le second, en 1915. Le coup d'envoi est donné par Hu Shi : en janvier 1917, il publie Suggestions pour une réforme littéraire dans la revue de Chen Duxiu ; celui-ci renchérit et signe De la révolution littéraire (février 1917), manifeste du mouvement en trois points : 1º renverser la littérature de l'aristocratie, fonder la littérature populaire ; 2º renverser la littérature classique, fonder la littérature réaliste ; 3º renverser la littérature élitiste en langue classique, fonder la littérature en langue parlée, accessible à tous. L'adoption du baihua (langue parlée) est la première exigence, qui a un impact immédiat. Le mouvement du 4 mai se développe en quatre phases. La première (1916-mai 1918) est celle de la réflexion théorique. La seconde va de mai 1918 (Journal d'un fou, Lu Xun) au 4 mai 1919 : la revue Xin Qingnian ne publie plus qu'en baihua et le Journal d'un fou est la justification artistique de ce choix. La troisième phase (4 mai 1919-1920) est celle du rayonnement national : on déborde le cadre littéraire, on attaque la société confucianiste, on promeut le marxisme. La quatrième (1920-1921) est celle du succès et de la dislocation : si 1920 voit l'adoption du baihua dans l'administration et les écoles, et la création de revues et de sociétés littéraires, en revanche, la vieille garde éclate : à droite Hu Shi, au centre les réformistes, à gauche Lu Xun et Chen Duxiu, lequel quitte la scène littéraire pour fonder le P.C.C. (1er juillet 1921). La révolution littéraire chinoise est accomplie.