littérature marathi

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

La littérature en langue marathi (parlée dans le Maharastra et quelques districts du Madhya Pradesh) débute aux environs du xe-xie s., sous l'influence de sectes religieuses : Mahanubhav, Adinath et Adinarayan. C'est une littérature principalement religieuse, poétique et narrative. Jnanesvar (fin xiiie s.), père de l'abhanga (poème lyrique et dévotionnel), est le fondateur de la bhakti. Namdev, Eknath et Tukaram, poètes de la secte Varkari, développent à sa suite une poésie empreinte d'idées de pureté et de fraternité. Ramdas (1608-1681), guide spirituel de l'empereur Sivaji, éveille les sentiments nationalistes. La littérature mystique fait place alors à une poésie narrative et raffinée (Sridhar Pandit), tandis que Moropant (1729-1794) déploie une inspiration épique dans un style très sanskritisé. Le xviiie s. voit s'épanouir la prose marathi : les bakhar (chroniques historiques), les lavani et povada (compositions populaires) fleurissent.

À partir de 1818, la colonisation britannique provoque, à travers l'établissement d'imprimeries et le développement de l'instruction, une multitude d'adaptations, de traductions, de grammaires, de dictionnaires. Les écrivains, tel Jotiba Phule (1827-1890), expriment leur besoin de réformes : ainsi Baba Padamji dans le premier roman marathi (Yamuna paryatana, 1857). Jambhekar (1812-1846) crée le premier hebdomadaire, Darpan (1832). La première pièce de théâtre est montée à Sangli en 1843 (Sita svayamvar), mais la majorité des spectacles consistera encore longtemps en des adaptations des grands classiques sanskrits. De 1840 à 1870, la littérature marathi devient un réel véhicule de la pensée indienne. L'historien M. G. Ranade (1842-1901) insiste sur les réformes sociales et économiques. Le théâtre trouve sa voie grâce à Kirloskar (1843-1885). La littérature moderne débute en 1885 avec la poésie de Kesavasut (qui aura pour disciples N. V. Tilak, Gadkari, Katandikar, Balkavi, et plus tard Tambe), et les romans réalistes de H. N. Apte, G. B. Déval, Kolhatkar, Khadilkar. Après 1920, le développement de l'éducation et de l'urbanisation assouplit la rigueur des traditions. Romanciers (Phadke, Khandekar, Madkholkar, Mama Varerkar) et romancières (V. Sirurkar) se familiarisent avec les idées de Marx, Freud, Russell. S. N. Pendse, V. Madgulkar, Bhave, Desai, Savant, Inamdar traitent de sujets variés, tous liés à la vie sociale et aux problèmes ruraux, tandis que le groupe poétique Ravikiran Mandal (Madhav Julian, Giris, Yasvant, S. Ranade, Gokhale, Ghate) s'efforce de rapprocher la poésie de la vie quotidienne.

Vers 1940, le théâtre connaît un bouleversement : M. G. Ranganekar ose réduire la durée des pièces de six à trois heures. De 1950 à 1970, il retrouvera sa renommée traditionnelle avec Tendulkar, Despande, Kanetkar.

Si la poésie, avec Anil, devient plus attentive aux recherches formelles et si l'humour (avec C. V. Josi) ou la critique (avec la revue Anustubh) apparaissent comme des genres en plein essor, un certain pessimisme se fait jour chez des poètes comme B. S. Mardhekar, D. Chitre, P. S. Rege, sensibles à la thématique occidentale, alors que prend corps la Dalit Sahitya, la « littérature des opprimés » qui concerne aussi les femmes : Kanyadan (Donnée en mariage, 1978) d'Arvind Gokhle.