bouddhisme

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Le canon de cette religion-philosophie est le Tripitaka (les « Trois Corbeilles ») pali, la plus ancienne collection complète et systématique des textes sacrés bouddhiques primitifs : le vinaya-pitaka, règles de la vie monastique ; le sutta-pitaka, discours du Bouddha, et l'abhidhamma-pitaka, doctrine spéciale ou ultérieure. Alors que l'abhidhamma pali n'est reconnu que par les tenants du theravada (la « voie des Anciens »), l'abhidhamma sanskrit n'est considéré comme canonique que par l'école sarvastivada. Les textes non canoniques du theravada sont, pour la plupart, des commentaires pali sur les textes canoniques. Ils comprennent également des œuvres diverses indépendantes qu'ils reconnaissent comme faisant autorité, par exemple le Milindapañha (questions du roi Ménandre), dont la compilation est attribuée à Nagasena entre 150 et 400 apr. J.-C. C'est un exposé approfondi et exhaustif de la métaphysique, de l'éthique et de la psychologie bouddhiques. Les écrits de Buddhaghosa, particulièrement son Visuddhi-magga (« voie de pureté »), constituent un abrégé du Tripitaka.

Seule une petite partie de la vaste littérature mahayana a été préservée sous sa forme sanskrite initiale. On n'en trouve le plus souvent que les traductions en chinois et en tibétain. Les textes du Prajñaparamita (ier s. av. J.-C.) prône la vacuité (sunyata) de toutes les notions empiriques. Parmi les œuvres madhyamika « voie du milieu », on note particulièrement celles de Nagarjuna, la Mula-madhyamaka-karika et la Sunyata-saptati. Les autres textes mahayana les plus révérés sont l'Avatamsaka-sutra, le Saddharmapundarika-sutra et le Sukhavati-vyuha-sutra.

Le plus ancien tantra bouddhique écrit est le Guhya-samaja-tantra. Parmi les œuvres tibétaines, les plus importantes collections sont le Bka'-'gyur (paroles du Bouddha) en 92 volumes et 1 055 titres et le Bstan-'gyur (enseignements) en 224 volumes et 3 626 titres.

Le bouddhisme a joué en Chine un rôle important dans le développement de la littérature. Il existe un immense corpus du canon bouddhique (400 millions d'idéogrammes), traduit entre le ve et le xe s. Ainsi romans, théâtre et divers genres de la littérature orale ont tous pour ancêtre lointain le petit moine obscur qui racontait à un public illettré, dans son langage quotidien, les épisodes de la vie de Bouddha (bianwen). La présence du bouddhisme reste importante dans la littérature narrative de toutes les époques (chuanqi ; contes des Ming, Voyage en Occident). On ne peut non plus sous-estimer l'influence de cette pensée sur les élites intellectuelles à l'époque des Tang, comme en témoignent des poètes comme Wang Wei ou Han Shan. La forme du jueju lui-même semble l'incarnation poétique de l'esprit du chan (zen) : comment, par des moyens détournés, exprimer l'inexprimable en une vingtaine de mots.

Au Japon, le bouddhisme, imposé définitivement comme religion d'État au début du viie s., marque non seulement les récits édifiants du Nihon ryoi-ki (882) et les recueils de contes et légendes (setsuwa), mais les anthologies historiques du type du Konjaku-monogatari (fin xie s.) et les grandes chroniques épiques des xiie-xiiie s. (Dit des Heike), avant d'apparaître en filigrane de toute la littérature, des haiku de Matsuo Basho aux contes d'Ueda Akinari, et d'imprégner sous sa forme « zen » (méditation menée en dehors des écritures et qui conduit à l'illumination intérieure) la conception même de l'art et de son inscription dans la vie quotidienne.