Sturm und Drang
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Mouvement littéraire allemand de la fin du xviiie s.
Son nom (Sturm : assaut, tempête ; Drang : élan) est emprunté au titre d'une pièce de Klinger de 1772. Mouvement de rupture avec le passé, il ne se place pas moins dans la continuité de la deuxième phase de l'Aufklärung et de l'Empfindsamkeit. Par l'intermédiaire de Hamman, Shaftesbury et Hemsterhuys, on redécouvre le néoplatonisme et Spinoza ; à la suite de Macpherson, Th. Percy et Herder, on se tourne vers les expressions du génie de chaque peuple : la Bible, Homère, Ossian, la poésie populaire, Shakespeare, mais aussi vers certains contemporains (Richardson, S. Mercier, Diderot et Rousseau).
Les mots clés du mouvement sont la vérité, le sentiment, l'individualité et surtout la nature, référence suprême en matière religieuse, esthétique ou éthique. C'est au nom de la nature que ces auteurs s'élèvent contre la tyrannie de la raison, les contraintes des conventions sociales et des règles artistiques. Ils exaltent les personnages de titans et les « génies ». Un groupe de jeunes écrivains gravitant, à Strasbourg (1770) puis à Francfort (jusqu'en 1776), autour de Herder et Goethe a donné quelques-uns des chefs-d'œuvre de la littérature allemande : les poèmes de jeunesse de Goethe, Götz, Clavigo (1774), des ébauches de Faust et d'un Prométhée, et Werther. On trouve dans ce groupe H. L. Wagner, F. Müller, R. M. Lenz, J. H. Jung-Stilling, F. H. Jacobi et K. Ph. Moritz. Le groupe de Göttingen est proche de ce noyau central, mais également de Klopstock et de l'Empfindsamkeit (H. C. Hölty, G. A. Bürger, M. Claudius et J. M. Miller). On trouve autour de ce mouvement Lavater, Pestalozzi et Bräker, T. G. Hippel, J. J. W. Heinse et C. F. D. Schubart, par l'intermédiaire duquel le jeune Friedrich Schiller découvre le Sturm und Drang (les Brigands, la Conjuration de Fiesque, 1783, Intrigue et Amour, 1784). Malgré sa brièveté (principalement de 1770 à 1775), le Sturm und Drang marque l'avènement d'une nouvelle génération qui donne à la littérature allemande sa place dans la littérature universelle.