Russie
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Partagée entre les influences venues d'Europe et le vieux fonds asiate, lente à forger sa langue et à se libérer des emprunts, la littérature russe doit beaucoup de ses traits spécifiques à son histoire et à sa géographie. Lorsque le prince varègue Vladimir, qui règne à Kiev à la fin du xe siècle, se convertit au christianisme et épouse la fille de l'empereur de Byzance, il introduit en Russie un double courant culturel, la civilisation byzantine et bulgare d'une part, l'Antiquité gréco-latine d'autre part : ce double courant, chrétien et antique, survivra longtemps dans la poésie. La longue domination tartare n'a sans doute pas marqué en profondeur la Russie ; mais, en la coupant tragiquement de Byzance, elle développe en elle l'idée d'une mission particulière, puisée dans les Écritures, celle d'incarner la troisième Rome, citadelle de la vraie foi. C'est au nom de l'Église orthodoxe que les Russes ont lutté contre les Tartares, et la faillite de Constantinople les confirme dans une mission messianique, prophétique, dévolue non seulement aux autorités religieuses, mais à tout un peuple, « inspiré de Dieu ». Ce thème reviendra constamment dans la littérature russe, et jusque dans la poésie soviétique.
L'ouverture sur l'Europe, amorcée par Pierre le Grand, s'accompagne d'un renouveau de la culture. Les xviie et le xviiie siècles sont deux siècles d'apprentissage et de cheminement souterrain. Mais les emprunts à l'étranger retardent aussi le retour aux thèmes nationaux. Si la poésie s'en libère plus vite en puisant dans les traditions populaires, la prose, elle, assimile mal les leçons des encyclopédistes, les problèmes politiques ou philosophiques de l'Europe, qui lui sont étrangers. L'assise culturelle est encore faible, reposant sur la société aristocratique. Ce n'est qu'au tournant du xixe siècle, avec le miracle de Pouchkine, que les écrivains prennent conscience de l'unité et des aspirations russes. En moins de trente ans, la littérature accédera à la maturité et à l'indépendance, et brillera d'un rare éclat. Un rôle exceptionnel lui échoit, celui de traduire la vie spirituelle d'un peuple : c'est de la littérature que Dostoïevski attend « la justification de la Russie ». La littérature cesse d'imiter l'étranger ; elle se fraie une voie originale entre les grands courants européens, classique, romantique ou réaliste, et elle tente de combler le fossé qui sépare le peuple de son élite. À travers ses romans, elle porte le débat sur les grandes interrogations sociales et métaphysiques. Pauvre en recherches formelles, elle se veut militante, contestataire, didactique, morale, et la fiction romanesque n'est jamais qu'un support destiné à exprimer une conception du monde : les écrivains s'affirment des maîtres de vie plus que des maîtres de l'art. Cependant, la vague décadente et symboliste de la fin du xixe siècle touche aussi la Russie. La pensée religieuse connaît un renouveau, l'art est resacralisé et les premiers manifestes symbolistes inaugurent l'âge d'argent de la littérature russe. La poésie puis la prose renouent avec les recherche formelles, cette période de bouillonnement créatif engendre une multitude d'écoles et de courants dont l'aspect souvent superficiel ne doit pas faire oublier qu'ils modifient en profondeur le visage de la littérature russe. La Révolution ne met pas un terme à cette effervescence esthétique, ses premières années sont une période de créativité, de liberté intenses. Mais, peu à peu, la mise au pas s'organise ; les uns connaissent l'exil, les autres la misère et les persécutions ; le « réalisme socialiste » devient la « méthode fondamentale » de la création littéraire. Il faudra attendre 1956 et le « dégel » pour voir une relative libéralisation, qui ne deviendra complète qu'avec la chute de l'U.R.S.S., en 1991.
La littérature de la Russie ancienne (xie-xviie siècles)
Une des premières manifestations du génie littéraire de la Russie est le développement de l'art oral populaire, avec les bylines, qui fleurissent du xie au xiiie siècles, mais aussi les contes et les chansons. La littérature écrite s'épanouit autour des monastères et dans les cours princières. Héritière des chroniques byzantines, elle utilise le slavon, la langue d'Église, parfois émaillée d'expressions locales : calligraphies des Écritures, vies de saints, récits édifiants. Les sermons du métropolite Hilarion (1re moitié du xie s.), la Chronique de Nestor (xiie s.), le Voyage de l'hégoumène Daniel en Terre sainte (xiie s.), l'Instruction de Vladimir Monomaque constituent cependant des œuvres originales, surtout lorsqu'elles mêlent, comme ces deux dernières, slavon et russe parlé. Mais le joyau de la culture kiévienne est alors le Dit de la campagne d'Igor, anonyme, qui fait la synthèse entre les chansons épiques, l'art oratoire et le folklore oral. La vie culturelle stagne ou régresse aux xiiie et xive siècles, du fait des assauts de nomades sur les principautés méridionales. Mais, peu à peu, le royaume de Moscou s'élabore sur les ruines causées par la Horde d'or. La dernière œuvre poétique de la Russie méridionale est la Zadonchtchina, qui célèbre la bataille de Koulikovo, où le prince Dimitri Donskoï écrase les Tartares. Au xve siècle, un curieux traité de morale familiale appartient encore à la littérature monastique, attribué au prêtre Sylvestre, conseiller du jeune Ivan IV. À la même époque naissent les tcheti-minei, compilation des vies de prophètes et d'apôtres, faite par le métropolite Macaire et destinée à étayer la vie religieuse et à accroître l'instruction du clergé. L'échange de lettres véhémentes et de style savoureux entre Ivan le Terrible et le prince Kourbski, boyard rebelle réfugié en Lituanie, constitue à la fin du xvie siècle un document littéraire et psychologique de première importance. La Russie plonge alors dans une période de guerres civiles et de crise dynastique, mais elle commence à s'ouvrir aux courants étrangers. C'est un exilé, Kotochikhine (vers 1630-1667), qui donne le meilleur, mais sombre, tableau de la cour de Moscou. Pourtant, le second des Romanov, Alexis Mikhailovitch, s'efforce d'arracher son peuple à la barbarie, en encourageant des écrivains tels que Siméon de Polotsk (1629-1680), auteur de drames liturgiques, qui plaisent beaucoup à la cour ; il favorise les premiers pas du théâtre russe, et introduit la poésie syllabique. Mais c'est encore en dehors de la littérature que germe la plus originale des œuvres de cette époque, la Vie d'Avvakoum (1620-1682). Avec ce dernier, une période se termine, celle de la vieille Russie, pieuse, conservatrice, théocratique. De nouvelles élites, occidentalisées, vont apparaître.
Le Siècle des Lumières : de l'église au bal
Métropolite de Novgorod, Théophane Prokopovitch (1681-1736) est un des derniers grands écrivains religieux. Auteur du Règlement ecclésiastique, ainsi que d'un drame religieux, Vladimir (1705), il a pourtant soutenu l'œuvre réformatrice de Pierre le Grand (dont il a composé l'oraison funèbre), qui a définitivement engagé la littérature russe dans un processus de sécularisation et d'européanisation. La culture est désormais laïque, réservée à une classe de gentilshommes qui se pénètrent des littératures étrangères. « La langue russe, sortie de l'église, se retrouva au bal » : cette boutade de Gogol résume les deux grandes phases d'apprentissage de la littérature russe, avant l'âge d'or. Les poésies à sujet panégyrique ou didactique, les élégies amoureuses imitées des petits-maîtres français sont à la mode à la cour de Pierre Ier (1689-1725).
Le classicisme
On traduit beaucoup les auteurs grecs et latins et, sous le règne d'Élisabeth (1741-1762), le classicisme français pénètre dans la culture russe, sous l'impulsion de Dmitri Kantemir (1708-1744), Trediakovski, Lomonossov et Soumarokov. Cette période voit aussi la formation d'une métrique adaptée à la langue russe : si Kantemir adapte les satires de Boileau ou d'Horace en utilisant le vers syllabique, Trediakovski et, surtout, Lomonossov élaborent le système syllabo-tonique, qui sera définitivement adopté par les poètes russe. Soumarokov utilise ces innovations pour fonder le théâtre russe, avec ses tragédies. Catherine II lui confie la direction des théâtres impériaux, et, sous sa direction, l'acteur Fiodor Volkov (1728-1763) constitue la première troupe nationale.
La formation de l'esprit critique
Le xviiie siècle est une époque laborieuse de fécondation souterraine. L'ode acquiert son indépendance (Vassili Kapnist, 1757-1823) ; les poètes cultivent le genre héroï-comique (Vassili Maïkov, 1728-1778), le conte en vers et la fable (Hippolyte Bogdanovitch, 1743-1803, et Ivan Khemnitser, 1745-1784). Quelques tempéraments puissants font preuve d'originalité : le poète Derjavine peint avec simplicité, en langue vulgaire, la vie russe et mêle sans souci de grammaire les éléments sublimes, réalistes ou comiques. Après Iakov Kniajnine (1742-1791), Fonvizine crée les grands types du théâtre moderne. La prose se développe également, le plus souvent pamphlétaire et politique grâce à l'essor du journalisme et à l'impulsion donnée par Catherine II, protectrice des lettres, qui fonde en 1783 l'Académie russe sur le modèle français. Mais Novikov, le premier publiciste, et Radichtchev manqueront de peu de payer de leur vie leurs audaces. L'édition fait un bond en avant grâce aux imprimeries privées ; la première bibliothèque publique s'ouvre à Saint-Pétersbourg.
Le xixe siècle : du romantisme au règne du roman
La fin du xviiie siècle est une époque de gestation, où les thèmes nationaux et les thèmes personnels s'accordent à la sensibilité préromantique de l'Europe. Karamzine, représentant du sentimentalisme, inaugure les premiers grands récits en prose, et surtout milite en faveur d'une langue russe libérée des archaïsmes ; il a ses partisans, regroupés dans la société Arzamas, mais aussi ses farouches opposants, emmenés par l'amiral Alexandre Chichkov (1754-1843) et les membres de « Bessieda », qui défendent la poésie « noble » du xviiie siècle. Par le biais des traductions, la langue s'affine, et deux poètes surtout forgent l'outil dont se servira Pouchkine : Batiouchkov, pénétré de l'esprit latin et des poètes élégiaques français, et Joukovski, qui traduit Byron, Scott, Goethe, Schiller, et donne au vers une souplesse mélodique inconnue.
L'âge d'or
Le classicisme ne règne plus en maître sur la littérature russe. Si Krylov, avec ses fables, lui donne encore un chef-d'œuvre, si Griboïedov, qui dote la Russie d'une comédie vraiment nationale, reste encore fidèle à la forme classique, le courant romantique est bien représenté par Davydov, Delvig ou Boratynski. La poésie russe connaît une véritable floraison, avec les poètes « décabristes » ou ceux de la « pléiade pouchkinienne », que la gloire de Pouchkine éclipse injustement. Ce dernier donne à la langue russe sa pureté, sa précision, son élégance ; son génie ouvre des perspectives neuves à la fois à la poésie et à la prose, au théâtre et à la nouvelle, en réussissant une synthèse de la tradition et des influences étrangères. La génération de 1840 voit le développement du roman, qui devient, à partir de Gogol le genre dominant. Lermontov et Tioutchev sont les derniers grands poètes (mais leur œuvre tourne le dos à Pouchkine et représente déjà la « conscience nocturne » de l'âme russe), même si un Koltsov est encore inspiré par les légendes populaires.
L'âge du roman
Entre 1830 et 1840 paraissent les premiers chefs-d'œuvre de la prose romanesque, qui désormais ouvrent la voie royale à cette pléiade de grands noms par lesquels la littérature russe a d'abord été connue en Europe. Les Récits de Bielkine de Pouchkine paraissent en 1831, Un héros de notre temps de Lermontov en 1840, et l'œuvre de Gogol jusqu'aux Âmes mortes s'échelonne entre 1832 et 1842. Gogol écrit à une époque où le servage et l'absolutisme font l'objet d'une critique de plus en plus véhémente ; parce que son œuvre reflète certains travers de la société russe, les libéraux des années 1840 en font le fondateur de « l'école naturelle ». Si beaucoup de romanciers se réclament de lui pour peindre scrupuleusement des tableaux de mœurs et des scènes de vie quotidienne – et certains, comme Aksakov , le font avec un grand talent –, Dostoïevski le visionnaire est son véritable successeur. De Gogol celui-ci a hérité non tant son intérêt pour « le peuple » qu'une vision déformée et trouble de l'univers qu'il peint dès ses premières œuvres. Avec Tolstoï, il domine le roman russe du xixe siècle. Il a participé aussi, comme directeur de revue puis avec son Journal d'un écrivain, aux grands débats de l'époque, en s'opposant aux « nihilistes ».
Une tribune politique
C'est que la littérature est devenue peu à peu une tribune politique. Le critique Bielinski, véritable fondateur de « l'école naturelle », considère le roman comme un instrument de dénonciation. « La génération des années 1840 », celle des occidentalistes et des slavophiles, est constituée d'un groupe social nouveau : appartenant aux classes moyenne et plébéienne, les raznotchintsy (roturiers), prennent le relais de l'aristocratie cultivée. Dynamiques, portés par leur fanatisme à la simplification, ils ne demandent plus à l'art de procurer une jouissance esthétique, mais de diffuser des idées et de travailler à la libération du peuple. Ils forment les premières générations de l'intelligentsia, cette élite éclairée, issue d'abord du système d'éducation modernisé par Nicolas Ier, appelée à se développer sous Alexandre II, et qui va ensuite demeurer une constante de l'histoire et de la culture russes. Dès les années 1840, la vie littéraire s'organise autour des « grosses revues ». Les Annales de la patrie et le Contemporain publient les écrivains et les critiques de « l'école naturelle ». Peu à peu se définit une esthétique « réaliste », d'abord au service d'un idéalisme politique (Herzen), puis avec l'apparition des courants radicaux et populistes, dans les années 1860 et 1880, de plus en plus pragmatique : Tchernychevski, Dobrolioubov et Pissarev donnent le ton. À côté d'écrivains de valeur, comme Tourgueniev, Gontcharov, Saltykov-Chedrine, ou encore Ouspenski, Pissemski, Dmitri Grigorovitch (1822-1881), Vladimir Dahl (1801-1871) et Melnikov-Petcherski, on trouve toute une série de « romans de mœurs » ou « romans à thèse » extrêmement laborieux. Dans ce climat de plus en plus intolérant, un écrivain comme Leskov, qualifié de « réactionnaire », peut difficilement se faire entendre. Que dire de la poésie, au sein de laquelle les adeptes d'un « art pur », Aleksis K. Tolstoï , Iakov Polonski (1819-1898), Fet , Apollon N. Maïkov (1821-1897), écrivent dans l'indifférence, ou l'hostilité, alors que les suffrages se portent sur Nekrassov, chantre des souffrances du peuple et des idylles paysannes, que l'on admire moins pour son lyrisme que pour son civisme, ou sur les rengaines creuses et sonores de Nadson ! Au-dessus de ces partis pris, ignorant superbement les querelles et les modes de l'intelligentsia, la grande figure de Tolstoï couvre l'ensemble du siècle : il incarne une autre voie du « réalisme » russe, celle qui ne cesse de s'interroger sur le sens de l'existence humaine, par l'exploration du moi, de l'Histoire, tout en remettant en cause la valeur de l'art et de la culture, face au mystère de la vie et de la mort.
Le tournant du siècle : l'âge d'argent
Crise et renouveau
Les excès de la critique radicale, le règne du matérialisme ont entraîné la littérature dans une impasse. La réaction s'organise, derrière Dostoïevski et Apollon Grigoriev (1822-1864), puis derrière Konstantin Leontiev (1831-1891). La pensée et la personnalité du philosophe Vladimir Soloviov (1853-1900) jouent un rôle déterminant au cours de cette période : son originalité est d'avoir défendu l'idée d'un christianisme mystique et orthodoxe, sans pour autant accepter les thèses slavophiles. Avec lui, la pensée se libère de ses implications politiques et sociales. À sa suite, Chestov (1866-1938) et Rozanov exaltent la foi aux dépens de la raison. Le renouveau de la pensée religieuse russe est marqué par la publication d'un recueil collectif, Jalons (1909), à l'initiative de Nicolaï Berdiaïev (1874-1948) et de Sergeï Boulgakov (1871-1944).
Le symbolisme
Les poèmes de Soloviov, rencontre avec la beauté et la sagesse divine, annoncent le tournant de l'âge d'argent, mais les influences étrangères (Baudelaire, Ibsen, Poe, Nietzsche, Maeterlinck) jouent également un grand rôle dans la rénovation des lettres russes, donnant naissance au courant décadent, puis symboliste, qui ouvre des perspectives nouvelles à la poésie et à la prose russes. Merejkovski, Brioussov, Balmont, Ivanov, Blok, Biély, Sologoub considèrent l'art comme la valeur suprême en ce sens qu'il est ouverture sur l'infini. Leur œuvre constitue une tentative pour établir une correspondance entre l'individuel, le temporel, et le monde de la transcendance. Le symbole est l'instrument par excellence de cette recherche ; il implique un intérêt, passé depuis longtemps au second plan, pour la forme. Lorsqu'en 1910, dans la revue Apollon, Ivanov dresse le constat d'échec du symbolisme, ce mouvement a transfiguré en profondeur le visage des lettres russes.
Acméistes et futuristes
Mais la « jeune génération », qui n'a pas connu le règne de la littérature utilitaire, rejette à son tour les « brumes mystiques ». Les acméistes (Goumiliov, Akhmatova, Mandelstam et, proche de ce courant, Kouzmine) réclament un retour à la clarté et à la matérialité du monde ; pour eux, comme pour les futuristes (Khlebnikov, Maïakovski, Pasternak, Kroutchionnykh), le poète est un artisan, et son matériau est le mot. Les acméistes mettent celui-ci au service de l'édification du beau, alors que les futuristes cherchent à en explorer toutes les ressources, s'inspirant des expérimentations picturales du début du siècle : libérant la langue de son obligation de signifier, ils s'intéressent à l'aspect purement sonore, ou visuel, du mot.
Les pionniers d'un nouveau réalisme
Parallèlement, la veine réaliste elle-même connaît un renouvellement. Avec Garchine ou Korolenko, elle se libère du joug utilitaire. C'est à Tchekhov que revient de lui donner un tour radicalement nouveau. Son œuvre continue l'exploration des questions existentielles, mais elle ne les limite pas aux simples relations sociales et surtout, ne cherche pas à donner de réponse : dans ses récits, comme dans son théâtre, il se met à l'écoute de la vie, dont il observe les fêlures, les échecs, mais son réalisme, avant tout poétique, procède par suggestions ou impressions plus que par descriptions. Le ton change à nouveau avec Gorki : ses héros, des déclassés, des vagabonds, appartiennent à des milieux complètement nouveaux. Il fonde une maison d'édition, Znanie, autour de laquelle se regroupent nombre des grands prosateurs du début du siècle, Andreïev, Kouprine, Chmeliov, Zaïtsev ou encore Bounine. À la même époque, Prichvine, Remizov ou Zamiatine donnent leurs premières œuvres dans la revue Zavety. Ces romanciers cherchent à réconcilier le réel et l'imaginaire, le rêve et le document objectif ; ils réactivent la veine « fantastique » de la littérature russe sans pour autant renier l'héritage réaliste.
De la révolution au réalisme socialiste
Que la révolution l'ait favorisée ou qu'elle y ait mis un terme, selon le point de vue que l'on adopte, les lettres russes connaissent dans les années 1920 une période de fermentation exceptionnelle, marquée par l'apparition, aux bordures du futurisme qui devient le courant dominant, d'un ensemble de nouveaux mouvements ou écoles littéraires.
La multiplication des courants poétiques
Des poètes, qu'ils soient directement liés au mouvement bolchevique, comme Maïakovski (Mystère-Bouffe) ou Demian Biedny (1883-1945), ou qu'ils voient dans la révolution d'Octobre un phénomène de nature eschatologique, comme Brioussov, Blok (les Douze) ou Essénine (la Colombe du Jourdain), en saluant dès 1918 le naufrage du vieux monde, se font les annonciateurs d'une première floraison littéraire. Certains autres, qui forment le groupe des « Scythes », en référence au passé « barbare », « asiatique » de la Russie, font de la révolution une lecture symbolique, souvent apocalyptique ou organique. Le Proletkult est, à la différence du futurisme avec lequel il partage un rejet inconditionnel de la tradition, un mouvement directement issu de la révolution. Fondé dès septembre 1917, il essaima à travers la Russie, compta jusqu'à 400 000 membres et publia 20 périodiques. Ses idéologues (Bogdanov, Lebedev-Polianski, Pletnev) prétendent, en totale rupture avec le patrimoine et l'art d'autres classes, fonder une culture prolétarienne. De fait, ce mouvement favorise l'émergence du nombreux poètes d'extraction ouvrière ou paysanne, comme Kirillov (1890-1943), Kazine (1898-1981), Gastiev (1882-1941), Aleksandrovski (1897-1934), Guerassimov (1889-1939), Obradovitch (1892-1956). Le futurisme reste pourtant la référence dominante, offrant à cette période de bouleversements une forme d'expression particulièrement adaptée ; son goût de l'expérimentation linguistique inspire les recherches de la critique formaliste, qui se structure à cette période. Le futurisme a aussi ses opposants, comme les imaginistes (Mariengov, Cherchéniévitch, Ivniev) ou les poètes-paysans (Essénine, Kliouev). Un peu en marge, les membres de l'OBERIOU développent une littérature de l'absurde.
La prose, de la révolution au réalisme socialiste
La révolution et la guerre civile constituent une source d'inspiration essentielle tout au long des années 1920. Les grands prosateurs du début du siècle, Babel, Pilniak ou V. Ivanov sont sensibles à sa spontanéité ; ils en offrent une vision épique, organique. Boulgakov, l'un des rares (avec Fedine et A. Tolstoï) à décrire le point de vue des blancs, en propose une lecture apocalyptique. Bientôt, ces écrivains seront considérés comme indésirables par le régime soviétique, et leur nom disparaît progressivement. C'est le cas aussi de Platonov, dont les réticences envers le nouveau régime s'expriment en des romans allégoriques. Parmi les anciens « frères de Sérapion », mouvement de prose « ornementale » donc apolitique, Kaverine, Kataïev ou Fedine donnent des romans qui révèlent les dysfonctionnements de la nouvelle société. Olecha et Leonov peignent l'homme nouveau sous un jour extrêmement ambigu. Enfin, le courant satirique connaît, en particulier avec la NEP, un essor prodigieux, qui voit naître les romans d'Ilf et de Pétrov, les récits de Zochtchenko ou de Zamiatine. Parallèlement, des écrivains comme Fadeïev, Cholokhov, Lidia Seïfoulina (1889-1954), Dmitri Fourmanov (1891-1926) écrivent au contraire à la gloire de l'Armée rouge et du parti bolchevique des romans dont l'authenticité n'est pas encore étouffée par le dogmatisme du réalisme socialiste. En effet, si la politique de la NEP impliquait un relâchement du sectarisme idéologique, permettant ainsi l'expression – dans certaines limites – de points de vue contradictoires, l'organisation, en 1934, de l'Union des écrivains et l'instauration du réalisme socialiste, accompagnées de « purges » et de persécutions pour les écrivains jugés « déviants », mettent fin à toute forme de liberté créatrice.
La littérature pour la jeunesse
La fonction didactique assignée par le régime soviétique à la littérature était évidemment centrale dans la littérature de jeunesse, dont Makarenko donne les orientations avec son Poème pédagogique (1933-1935). Cependant, à côté d'œuvres au contenu édifiant (romans de N. Ostrovski, de A. Gaïdar), il exista bel et bien un mouvement novateur, en particulier en poésie. Samouïl Marchak (1887-1964), tant par sa création que par son activité éditoriale, en fut l'initiateur. Ses propres textes prennent des sujets simples, souvent tirés de la vie quotidienne (un distrait qui prend le train et arrive dans sa propre ville), traités avec humour, dans un style laconique, sur un rythme très marqué. Sans didactisme abusif, il s'attache à transmettre des valeurs comme le refus du racisme (Mister Twister, 1933). Un des autres pionniers de la littérature enfantine fut Korneï Tchoukovski (1882-1969), le père du fameux Docteur Aïbolit (« Aïe, ça fait mal », 1929) : à travers des intrigues souvent fantastiques, en vers, l'auteur présente, en conteur et non en moralisateur, le triomphe du bien sur le mal. La poésie expérimentale trouva dans l'écriture pour enfants un terrain propice : elle intéressa les membres de l'OBERIOU, Evgueni Chvarts (1896-1958) en particulier, dont le goût pour le non-sens et l'absurde s'exprimait dans des pièces de théâtre destinées au jeune public (le Roi nu, 1934 ; le Dragon, 1944), mais aussi D. Kharms ou Alexandre Vvedienski (1904-1941).
La littérature de l'émigration
Historiquement, la défaite de l'armée blanche sonne le début de l'émigration. Certains choisissent volontairement l'exil, d'autres sont expulsés (1922). Avec l'arrivée au pouvoir de Staline, l'exil n'est plus accordé qu'avec parcimonie ; Zamiatine, en 1932, est le dernier à pouvoir quitter la Russie. Parmi les exilés de la « première vague », certains retourneront en U.R.S.S., comme Gorki, A. Tolstoï ou Ehrenbourg, qui y trouveront la consécration officielle ; Tsvetaïeva y connaîtra une mort misérable. La « première vague » s'organise autour de 1925 ; il faudra attendre la « seconde vague », celle qui fait suite à la Seconde Guerre mondiale, pour voir se renouveler le milieu de l'émigration russe. Le centre de l'émigration russe dans l'entre deux-guerres, après avoir été Berlin au début des années 1920, devient Paris ; Put', revue éditée par Berdiaïev, joue un grand rôle dans la cohésion de ce milieu. Parmi les grands noms de la poésie russe d'alors, beaucoup, comme Balmont, Z. Hipius, Merejkovski, Ivanov, poursuivent leur œuvre en exil. Pour Khodassevitch, Tsvetaïeva ou Georgy Ivanov (1894-1958), l'émigration coïncide avec un épanouissement créatif. Apparaissent aussi tout un groupe de jeunes poètes, dont le critique Georgi Adamovitch (1884-1972) est en quelque sorte le chef de file. Boris Poplavski (1903-1935), qui ne publie qu'un seul volume de son vivant (Étendards, 1931), est peut-être le plus remarquable d'entre eux ; avec Anatoly Shteiger (1907-1944) ou Lydia Chervinskaïa, ils représentent le « courant parisien » de la poésie russe. Pour la prose, l'émigration est dominée par les figures de Bounine et de Nabokov, et par le succès de Nina Berberova. Bounine est déjà un écrivain reconnu lorsqu'il quitte la Russie ; Nabokov écrit le versant russe de son œuvre à Cambridge, à Berlin et à Paris, de 1919 à 1940. Si un écrivain comme Kouprine ne livre plus que des souvenirs nostalgiques, Zaïtsev, Aldanov ou Mikhaïl Ossorguine (1878-1942) et Nadejda Teffi (1872-1952) se révèlent pendant leur exil. On voit aussi apparaître de nouveaux talents : Berberova (1901-1993), Gaïto Gazdanov (1903-1971), Iouri Felzen (1895-1943).
De l'ère stalinienne à la perestroïka
Le destin de ceux qui restent est souvent tragique : Goumiliov est fusillé, Blok et Khlebnikov meurent d'épuisement, Akhmatova souffre dans sa chair (son fils est exilé à plusieurs reprises), Boulgakov est réduit à la misère. Mandelstam meurt en Sibérie. À partir des années 1930, le grand gel stalinien règne sur les lettres russes. À quelques exceptions près, les œuvres de valeur ont été écrites « pour le tiroir », sans espoir de publication, par des écrivains qui continuent à voir dans la liberté la condition nécessaire de la création, à l'instar de Boulgakov dans le Maître et Marguerite ou de Pasternak dans le Docteur Jivago.
L'édification du socialisme
En prose, des écrivains comme Leonov, Ehrenbourg, Fadeïev ou Cholokhov acceptent de mettre leur plume au service de la construction de la société socialiste ; ils donnent d'indigestes romans de production. Seuls Kataïev et Pilniak parviennent, à l'intérieur de ce genre obligé, à faire œuvre originale. L'approche de la guerre conduit les écrivains soviétiques à se tourner vers le roman historique, inauguré dans les années 1920 par Olga Forch (1873-1961). A. Tolstoï ou Alexeï Chapyguine (1870-1937) font revivre les grandes figures de l'histoire russe pour exalter le sentiment national. Le conflit mondial donne lieu, là encore, à des œuvres extrêmement convenues, exaltant l'héroïsme de l'Armée russe unie derrière son Guide. Vera Panova (1905-1973) ou Nekrassov sont parmi les seuls à donner du combat une description à échelle humaine. Vie et Destin, de Grossmann, peut-être le meilleur roman consacré au conflit n'est écrit que plus tard et refusé à la publication. La poésie se montre plus imaginative : Alexandre Prokofief (1900-1971) et Simonov reviennent à un lyrisme intime ; Tvardovski consacre ses vers au sort des plus humbles. La guerre a favorisé un bref relâchement de la dictature stalinienne : les intellectuels qui ont participé au combat pensent avoir conquis le droit de reprendre leur place dans la société, et la censure se relâche quelque peu. Mais, très vite, Jdanov met un terme à cette brève éclaircie (affaire des revues Leningrad et Zvezda). À l'aube de la guerre froide, la règle est « l'absence de conflit », qui exclut par définition toute parole vraie sur la réalité soviétique, présentée comme une société parfaite. L'idéalisation constitue un devoir de l'écrivain. Semion Babaïevski (né en 1909), Mikhaïl Boubiennov (1909-1983), Vassili Ajaïev (1915-1968) comptent parmi les écrivains les plus représentatifs de cette littérature.
Les dégels
À la mort de Staline, le climat – social et littéraire – évolue vers une libéralisation ; le monde des lettres connaît une alternance de « dégels » et de durcissements. De 1953 à 1966, date du procès Daniel-Siniavski, l'emprise de l'Union des écrivains se relâche. On assiste à la publication d'auteurs des années 1920 et 1930 jusqu'alors interdits (Boulgakov, Platonov...), d'écrivains étrangers, et l'on voit apparaître des noms nouveaux, qui tous ont en commun un rejet de la falsification imposée par le réalisme socialiste. L'individu, avec sa complexité, sa personnalité, retrouve droit de cité en littérature. Le succès de jeunes poètes comme Voznessenski, Evtouchenko, Akhmadoulina, qui reviennent à un lyrisme intime tout en portant un regard critique sur la société et l'histoire soviétiques, est comparable à celui que rencontrent les chanteurs de rock en Occident à cette même période. Des poètes « officiels » de la période stalinienne suivent ce mouvement de dénonciation du stalinisme : Semion Kirsanov (1906-1972), Pavel Antokolski (1896-1978), Leonid Martynov (1905-1980), Tvardovski. La génération de ceux qui ont eu 20 ans pendant le conflit mondial revient sur l'expérience des combats avec une sincérité qu'autorise le relâchement du carcan idéologique dans les lettres : Evguéni Vinokourov (1925-1993), Boris Sloutski (1919-1986), Naoum Korjavin (né en 1925), David Samoïlov (1920-1990) publient leurs premiers recueils. En prose aussi, le retour à plus d'authenticité dans le regard porté sur la guerre joue un rôle important, et inspire les premiers romans de Grigori Baklanov (né en 1923), Iouri Bondarev (né en 1924), Vassili Bykov (né en 1929), Voïnovitch. C'est à cette époque aussi qu'apparaît la « littérature du goulag », dominée par l'œuvre de Soljenistyne, dont la stature ne doit pas faire oublier les témoignages d'Evguénia Guinzbourg (1906-1977), Vladimov, Chalamov, Dombrovski. Le retour sur l'histoire récente se fait aussi par le biais de l'autobiographie comme celle d'Ehrenbourg (les Années et les Hommes, 1961-1965). De manière significative, le conflit générationnel – qui jusqu'alors « n'existait pas » dans une société qui excluait par définition le conflit – est souvent au centre des romans de « la jeune prose » (Axionov, Gladilin) ; Maximov, Trivonov manifestent un intérêt – nouveau dans la littérature soviétique – pour les détails de la vie quotidienne. Un pan extrêmement important de la littérature du dégel se consacre au monde des « villages », dont la « prose rurale » (Soljenitsyne, Astafiev, Choukchine, Abramov, Raspoutine, Zalyguine, etc.) dit les évolutions et les permanences, sans passer sous silence les excès de la collectivisation, du bureaucratisme ou de la rationalisation de l'agriculture.
La dissidence
Lorsque l'étau idéologique se resserre à nouveau, les œuvres de dénonciation commencent à circuler « sous le manteau », en samizdat (diffusion clandestine, avec les moyens du bord) ou en tamizdat (édition à l'étranger). Malgré l'étroit contrôle qui pèse sur la vie littéraire des années 1970, le mouvement contestataire reste actif ; une nouvelle génération d'émigrés (Soljenitsyne, Brodski, Siniavski, pour citer les plus grands) rejoint en Europe et aux États-Unis les vagues précédentes, mais portent sur l'exil un regard tout à fait différent : il est conçu par eux comme une période transitoire, et il ne s'agit pas tant de préserver une tradition culturelle, de la recréer par une transplantation, que de retrouver la latitude d'action nécessaire pour faire évoluer la situation en U.R.S.S. Les revues de l'émigration, comme Syntaxis, publiée à Paris, sont diffusées clandestinement en Union soviétique. Au sein du pays, les écrivains du dégel continuent leur travail d'exhumation ; les « bardes », ou auteurs-compositeurs, comme Vladimir Vyssotski (1938-1980) ou Alexandre Galitch (1918-1977), prennent le relais des poètes des années 1960. On voit se développer une culture « du magnétophone », rendue possible par l'ancrage profond de la culture orale dans la littérature russe. Bitov, Alechkovski, Sergeï Dovlatov (1941-1990) ou Venedikt Erofeïev (1938-1990) offrent un tableau terrifiant de la société russe, tout en renouant avec la recherche de formes d'expression nouvelles pour le roman.
La perestroïka
Au tout début de la perestroïka, trois romans marquent un élargissement dans les limites de la censure : Triste Polar (1986) d'Astafiev, l'Incendie (1985) de Raspoutine et les Rêves de louve (1986) d'Aïtmatov. L'allègement de la censure donne une nouvelle vie aux revues littéraires, au premier rang desquelles Novyï mir, Znamia, Droujba narodov, Oktiabr luttent pour imposer des auteurs oubliés ou censurés. L'axe principal de la littérature va devenir pendant plusieurs années la publication d'œuvres de plus en plus critiques à l'égard du stalinisme, puis du système socialiste en général, dues à des écrivains ayant vécu à différentes époques de l'histoire soviétique. Platonov, Boulgakov, Grossman sont enfin publiés sans coupures. La dénonciation des crimes de l'époque soviétique atteint son apogée en 1989 avec la publication des œuvres de Soljenitsyne. Cependant, c'est le roman les Enfants de l'Arbat (1987) de Rybakov qui a remporté le plus grand succès populaire de cette période. L'Union soviétique redécouvre également toute la littérature russe émigrée ; d'abord l'ancienne génération (notamment Nabokov) puis les émigrés récents (Siniavski, Aksionov, Maksimov, Soljenitsyne). Les penseurs occultés depuis des décennies comme les philosophes religieux du début du siècle, Berdiaev, Chestov, Boulgakov, sont publiés, lus, discutés.
Dans toute cette activité de redécouverte, les nouveaux noms passent plus ou moins inaperçus. Il faut noter cependant l'apparition d'auteurs « noirs » décrivant un monde sans espoir ni lumière, comme Petrouchevskaïa ou Sergeï Kaledine (né en 1949).
Littérature contemporaine
Avec la chute de l'U.R.S.S., la littérature russe est entrée dans une phase « post-moderne ». Ses sources remontent à l'underground, poétique essentiellement, des années 1970, la génération des « conceptualistes ». D. Prigov, V. Eremenko, A. Parchtchikov, L. Rubinstein cherchent un « degré zéro » de l'écriture poétique, ouvrant sur la vacuité du réel. Les recherches sur le langage (marquées par un intérêt renouvelé pour les expérimentations de Khlebnikov ou de Karms) et les jeux parodiques sont essentiels dans la formation du postmodernisme. Parmi les écrivains les plus représentatifs de ce courant, on peut citer, pour la prose, A. Siniavski, V. Sorokin ou V. Pelevine. Ce courant, pris dans un sens assez large, génère depuis plus de deux décennies en poésie (Aïgui, Brodski, S. Gandlievski, K. Kedrov, I. Kholin, T. Kibirov, V. Krivouline, E. Rein, G. Sapguir, O. Sedakova, E. Shvarts, V. Sosnora) comme en prose (Aksyonov, P. Alechkovsky, Iou. Alechkovsky, A. Bitov, Iou. Buida, S. Dovlatov, Venedikt Erofeïev, Viktor Erofeïev, M. Fedotov, A. Kabakov, M. Kharitonov, A. Kim, E. Limonov, V. Makanine, I. Mamleïev, V. Maramzine, V. Narbikova, E. Popov, N. Sadour, V. Sharkov, T. Tolstaïa) des œuvres très inégales, et parfois uniformes, mais qui témoignent d'une activité créatrice soutenue.