Dominique Rolin

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Femme de lettres belge de langue française (Bruxelles, 1913-Paris 2012).

C'est de sa propre vie que cette bibliothécaire bruxelloise, quittant définitivement la Belgique pour Paris en 1946, tissera son œuvre, gigantesque recomposition-reconstitution d'une trame toujours reprise au fil d'une mémoire inépuisable (« Être jusqu'au bout un corps-stylo faucheur de rythme »). Dès 1942, les Marais transposent dans un espace-temps à la fois ironique et cruel le drame familial, la déchirure des parents. Jusqu'aux Deux Sœurs (1946), les variations du « roman originel » gardent un caractère romantico– exotique. Une seconde phase, plus sobre et réaliste, s'instaure avec l'arrivée en France. Le Souffle (1952) obtient le prix Femina. En 1960, le Lit évoque l'agonie du mari. Ce livre-charnière, où la mort donne l'impulsion suscitant l'écriture, inaugure une phase nouvelle de sa forme littéraire. Celle-ci va être marquée par les conceptions et techniques du Nouveau Roman et de Tel Quel. En même temps, D. Rolin rencontre l'homme de sa vie (qui finira par prendre le nom de « Jim » dans son œuvre). À partir de 1962, elle entreprend une « série implacable » de romans, se faisant de plus en plus franchement autobiographique et trouvant son style propre. L'Infini chez soi (1980), qui explore le roman familial de l'avant-naître, puis le Gâteau des morts (1982) et la Voyageuse (1984), qui plongent au contraire vers sa mort anticipée et l'outre-tombe, inscrivent enfin son nom et celui des siens dans le corps même du texte. Trente Ans d'amour fou (1988) et Journal amoureux (2000) enrichissent cette fresque inlassable de derniers aveux, sérénité enfin conquise.