Denis Roche

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain, photographe et éditeur français (Paris 1937 – Paris 2015).

Membre de Tel Quel (1962-1973), il entre en littérature par le poème, qu'il définit comme « une arête rectiligne d'intrusion ». Cette première période (Forestière amazonide, 1962 ; Récits complets, 1963 ; les Idées centésimales de Miss Élanize, 1964 ; Éros énergumène et Dialogues du paradoxe et de la barre à mine, 1968) aboutit au constat formulé dans le Mécrit (1972) : « La poésie est inadmissible, d'ailleurs elle n'existe pas. »

Louve basse (1976) expérimente ensuite les limites du roman : tel Diogène, il faut briser son écuelle pour espérer dégager une Matière première (1976) des Dépôts de savoir & de technique (1980) que forment les conventions rhétoriques. La quête de la création va « au-delà du principe d'écriture », le bricolage esthétique s'effectuant à base de fragments hétéroclites contraires à la constitution d'un sens plein et définitif (Ellipses et laps, 1991). Les Essais de littérature arrêtée (1981) sont autant de Conversations avec le temps (1985) et révèlent l'obsession de la mort (Trois Pourrissements poétiques, 1972 ; Écrits momentanés, 1988 ; Dans la maison du sphinx, 1992).

Sensible à la plasticité de la représentation (Éloge de la véhémence, 1970 ; Lutte & Rature, 1971, avec Dufour), cofondateur des Cahiers de la photographie (1980) et photographe lui-même, Roche développe une réflexion sur la lumière à partir de sa propre pratique (la Disparition des lucioles, 1982 ; Photolalies, 1988 ; le Boîtier de mélancolie, 1999). Se rejoignent ainsi l'instantané de l'autoportrait (Notre antéfixe, 1978 ; Légendes de Denis Roche, 1981) et la précipitation de l'acte scriptural, l'ouverture du diaphragme et le souffle de l'« effort cantatoire », la tension du voyage intérieur et l'Embarquement pour Mercure (1996, avec Butor).