Richard Wagner
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Musicien et écrivain allemand (Leipzig 1813 – Venise 1883).
Après des études générales et musicales peu poussées, il occupe divers emplois de chef d'orchestre (Magdebourg, Königsberg, Riga). Nommé chef d'orchestre au Théâtre royal de Dresde, il obtient ses premiers succès avec le Vaisseau fantôme (1843) et Tannhäuser (1845). Lohengrin, écrit à cette époque, ne sera créé qu'en 1850. Obligé de s'exiler pour avoir pris une part active à la révolution de 1848, il trouve refuge en Suisse. Il commence l'Anneau du Nibelung, écrit Tristan et Ysolde (1859) et publie de nombreux textes théoriques (Art et Révolution, 1849 ; l'Œuvre d'art de l'avenir, 1850 ; le Judaïsme dans l'art, 1850 ; Opéra et Drame, 1851). La création de Tannhäuser à Paris, en 1861, se solde par un échec retentissant, mais marque le début du « wagnérisme » en France (Baudelaire, Berlioz). Après 1864, le soutien financier et l'amitié du roi de Bavière, Louis II, permettront enfin à Wagner de réaliser ses rêves. Il termine et fait représenter les Maîtres chanteurs de Nuremberg (1868), l'Or du Rhin (1869), la Walkyrie (1870) et fait construire à Bayreuth un théâtre à la mesure de ses ambitions : le cycle complet de l'Anneau du Nibelung sera créé lors de son inauguration en 1876. Parsifal (1882) sera la dernière grande œuvre de Wagner.
L'œuvre littéraire de Wagner est considérable : livrets, écrits théoriques et autobiographiques. Lui-même insistait sur l'union du poète et du musicien. Toutefois, sans sa musique, les seuls écrits de Wagner n'auraient guère d'intérêt : dépouillés de la magie musicale, les vers allitérés de ses drames sonnent creux ; quant aux écrits théoriques, où « les analyses les plus justes » côtoient « un bavardage consternant, dénué de tout esprit critique » (Hans Mayer), ils témoignent d'une pensée qui, dans ses contradictions, est représentative du xixe siècle allemand. Wagner a en effet assimilé tous les courants de son époque. Il a été profondément influencé par les idées libérales, révolutionnaires, voire anarchistes ; il a été l'héritier du romantisme, à qui il a emprunté sa conception du rôle de la musique, son idéal de l'œuvre d'art totale, l'amour des légendes germaniques et du Moyen Âge. Il a été aussi l'ami des rois et des puissants, a pris des positions violemment antisémites, antilibérales et chauvines. Son œuvre a servi à illustrer et légitimer l'Allemagne nouvelle, assoiffée de puissance militaire et industrielle.