Pietro Bembo
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Écrivain italien (Venise 1470 – Rome 1547).
Culture humaniste, carrière courtisane et dignités ecclésiastiques se conjuguent dans sa vie. Correspondant d'Érasme, ami de l'Arioste et de Castiglione, protégé par Lucrèce Borgia et Isabelle d'Este, secrétaire de Léon X, il est nommé cardinal en 1539 par Paul III. Dans les Proses sur la langue vulgaire (1525), il fonde les canons grammaticaux et esthétiques de la langue littéraire italienne, sur la base des œuvres de Dante, mais surtout de Boccace et de Pétrarque. Il consacre les dernières années de sa vie au classement et à la révision de son œuvre antérieure, notamment de ses Rimes et de ses Lettres, publiées définitivement en 1548-1551. Les preuves abondent, dans l'œuvre même de Bembo, du sérieux de sa culture classique et de sa maîtrise de la rhétorique latine : entre autres, l'épître De imitatione (1512) joua un rôle capital dans le débat sur le cicéronianisme et, plus tard, dans la constitution du classicisme français. À travers la leçon des Anciens, Bembo souhaite hausser la culture vulgaire à la dignité de l'antique. Ainsi l'originalité du dialogue des Asolani (1505) tient-elle avant tout au fait que ce traité humaniste sur l'amour est rédigé en langue vulgaire. Les Rimes révèlent la même intention, en particulier la chanson Âme courtoise (1507), où Bembo pleure la mort de son frère, sujet tragique traditionnellement voué au latin.