Pierre Jean de Béranger
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Poète et chansonnier français (Paris 1780 – id. 1857).
Expéditionnaire aux bureaux de l'Université sous l'Empire, il perd ce poste en 1821 à cause de ses poèmes et de ses chansons contre la Restauration. Son inspiration patriotique, populaire et anticléricale, remporte un grand succès dans une France déçue par le retour des Bourbons. Il devient le chantre de la légende dorée napoléonienne et perpétue puissamment le souvenir de l'Empereur. Son œuvre (Chansons morales et autres, 1815 ; Chansons nouvelles et dernières, 1833) est largement diffusée dans le peuple des villes et dans les campagnes. (Voir le Médecin de campagne de Balzac.) Figure du poète populaire par excellence, il est salué par ses contemporains (Chateaubriand, Dumas, Hugo). Après avoir participé à la révolution de 1830, il prend ses distances avec le régime de Juillet, puis, dédaignant titres et dignités, il cesse également le combat politique ; c'est ainsi qu'en 1848 il démissionne du poste de député où les Parisiens l'avaient élu « malgré lui ». Il nie s'être rallié au second Empire, mais ne manifeste plus guère son esprit frondeur. Dès lors, il apparaît dépassé, taxé de prudhommisme par la nouvelle génération littéraire (Flaubert, Baudelaire). Il sera redécouvert par les nostalgiques du nationalisme au début du xxe siècle. Ses Chansons (l'Ange Gardien, le Dieu des bonnes gens, le Cinq Mai) gardent aujourd'hui un intérêt historique plutôt que littéraire en raison de l'engouement qu'elles ont suscité.