Pär Lagerkvist
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Écrivain suédois (Växjö 1891 – Stockholm 1974).
Les premières œuvres posent le problème, essentiel chez l'écrivain, de la quête éperdue d'une foi, d'un sens et d'un amour à la mesure de sa sensibilité exacerbée. Il triomphe de ce penchant nihiliste en se laissant aller à l'ironie (l'Éternel Sourire, 1920), puis en tentant de hisser la cruauté à la qualité esthétique d'un mythe dans des récits où l'art souverain de la narration, chargée de symboles immédiatement perceptibles (Contes cruels, 1924 ; le Bourreau, 1933), se double d'une méditation sur la montée des périls, ainsi dans l'essai la Vie vaincue (1927) et la pièce antinazie le Roi (1932). Un voyage en Grèce l'oriente vers une défense de l'humanisme impérissable (le Poing noué, 1934), mais c'est avec le Nain (1944) qu'il atteint le sommet d'une inspiration désespérée mais hautaine : la vie y est vue comme une prison dont seuls d'intenses pouvoirs poétiques permettent d'accepter le carcan. Le bouffon d'un prince de la Renaissance italienne, un nain de vingt-six pouces, tient le journal des cruautés qu'il réserve à ceux qui ont une taille normale : meurtres, délations, trahisons. Une incarnation du Mal dont on ne sait si elle participe de la Providence (le nain a été surnommé le « Fléau de Dieu ») ou des beaux-arts.
Une fascinante imagerie biblique dicte toute une série de romans (Barabbas, 1950 ; la Sibylle, 1956 ; la Mort d'Ahasverus, 1960 ; Pèlerin sur la mer, 1962 ; la Terre sainte, 1964 ; Mariamne, 1967) qui composent une recherche passionnée du sacré, qui, seul, permettrait à l'homme de connaître le véritable bonheur. L'attrait de cette œuvre, que couronna le prix Nobel en 1951, réside dans une ambiguïté consciente qui lui conserve, au-delà des modes et d'une réflexion parfois datée, une authenticité dramatique.