Octavio Paz
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Écrivain mexicain (Mexico 1914 – id. 1998).
En 1931 il fonde la revue Barandal, puis, en 1933, les Cuadernos del Valle de México. En même temps, il publie Lune sylvestre, son premier recueil de poèmes, suivi en 1937 de Racine de l'homme et de Sous ton ombre claire, qui sont de sensibilité symboliste et qui témoignent des influences conjuguées de Quevedo, de Góngora et de Juana Inés de la Cruz. Il séjourne en Espagne, où il rencontre les plus grands noms de la poésie espagnole et latino-américaine. De retour à Mexico (1938), il s'engage dans la politique, s'occupe des réfugiés espagnols, dirige la revue Taller et a ses premiers contacts avec le surréalisme. De 1943 à 1945, il vit aux États-Unis et entre dans la carrière diplomatique. En poste à Paris (1946-1951), il fréquente les surréalistes, qui publient certains de ses textes dans leurs anthologies. C'est en 1950 que paraît un recueil de huit essais, le Labyrinthe de la solitude, pénétrante analyse de la réalité mexicaine. Le livre se termine par un appendice, « la Dialectique de la solitude », où le titre général est expliqué par l'image du labyrinthe, au bout duquel l'homme mexicain sera enfin en communion avec les autres hommes ; il a exercé une influence considérable sur la pensée et la littérature de l'Amérique latine contemporaine. En 1951, il publie Aigle ou Soleil ?, de tonalité surréaliste. Un voyage au Japon et en Inde lui permet de s'initier à la littérature orientale, qu'il s'attachera à diffuser en Amérique. De retour à Mexico, il publie l'Arc et la Lyre, un essai sur le poème, la révélation poétique, la poésie et l'histoire (1956), s'occupe de théâtre et fait jouer une pièce la Fille de Rappaccini (1956), inspirée d'un conte d'Hawthorne. Son influence atteint alors les milieux d'avant-garde. Pierre de soleil (1957) sera traduit en français (1962) par Benjamin Péret. De 1959 à 1962, Paz réside à nouveau à Paris, publie Liberté sur parole (1960), qui réunit la presque-totalité de sa poésie jusqu'en 1958, celle des années suivantes paraissant dans Salamandra (1962), Versant est (1968), D'un mot à l'autre (1980) et L'arbre parle (1987). Ambassadeur à New Delhi, il démissionne en 1968 pour protester contre les massacres d'étudiants de Mexico (septembre 1968) et enseigne aux États-Unis. Il adapte (1970) avec plusieurs autres poètes, dont le Français Jacques Roubaud et l'Italien Edoardo Sanguineti, le renga japonais et, de retour à Mexico en 1971, il fonde la revue Plural, supplément du journal Excelsior, qui se place aussitôt au premier rang des revues culturelles. Ses conférences à Harvard (1972) seront réunies sous le titre de Point de convergence (1974), complément de l'Arc et la Lyre. Le Singe grammairien (1974), essai-poème en prose, et le poème Mise au net (1975) composent également une longue méditation sur la place de l'écrivain dans la société et sur l'activité créatrice. Par suite d'un différend avec la direction de l'Excelsior, Paz abandonne Plural pour fonder Vuelta, qui en est l'image exacte et qui a la même influence. On lui doit encore de nombreux essais sur l'art et la littérature ou sur la politique, qui parachèvent sa figure d'écrivain humaniste ouvert à toutes les formes de culture et d'expression. Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1990.