Murasaki Shikibu

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Romancière et poétesse japonaise (vers 973 – v. 1019).

Sa vie est mal connue et ne peut être reconstituée que grâce aux éléments biographiques fournis par son recueil poétique, le Murasaki Shikibu-shû, et son journal, le Murasaki Shikibu nikki. Fort douée, elle assista, enfant, aux leçons que son père, le fonctionnaire lettré Fujiwara no Tametoki, dispensait à son frère – fait rare puisque les lettres chinoises étaient à l'époque réservées aux hommes. Mariée en 998, elle devint veuve dès 1001, et c'est sans doute à partir de cette époque qu'elle commença à écrire. Il est possible que sa réputation littéraire naissante fut, au moins en partie, à l'origine de son entrée vers 1005 au service de l'impératrice Shoshi, fille du personnage le plus puissant de la cour, Fujiwara no Michinaga. Surnommée alors To Shikibu, elle fut rebaptisée plus tard Murasaki Shikibu, peut-être à cause du nom de l'un des personnages principaux de son grand roman, le Dit du Genji, incontestable chef-d'œuvre de toute la littérature romanesque japonaise.

Dit du Genji [Genji monogatari], roman écrit au début du xie s. Cette œuvre prodigieuse décrit en 54 livres la vie et les amours tourmentées d'un Genji (c'est-à-dire un descendant d'empereur privé des prérogatives propres aux princes impériaux) surnommé Hikaru, « le Resplendissant », puis de son fils présumé, Kaoru. Autour des deux figures centrales, qui assurent son unité à ce roman extrêmement touffu, gravitent quelque 300 personnages et se nouent de multiples intrigues – aventures galantes et stratégies de pouvoir au sein de la cour. Ce monde narratif complexe constitue un véritable univers, centré autour du destin de Hikaru Genji, toujours en quête dans ses conquêtes amoureuses d'une mère trop tôt perdue. Œuvre longtemps décriée comme futile et immorale – car mensongère – , elle n'en connut pas moins un très vif succès du vivant de son auteur et marqua de son sceau toute la littérature japonaise postérieure, transcendant les genres et les époques.