Kazimierz Moczarski

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain polonais (Varsovie 1907 – id. 1975).

Juriste de formation, il est journaliste lorsque éclate la Seconde Guerre mondiale. Dans la résistance, il est en charge de la surveillance des personnes soupçonnées de collaborer avec l'occupant nazi et de l'instruction de leur dossier, le cas échéant. Il monte aux barricades lors de l'insurrection de Varsovie (août 1944), mais échappe aux Allemands lorsque Varsovie tombe. Il est arrêté par la N.K.V.D dans une rue de Varsovie en juillet 1945, accusé de « collaboration avec les nazis, d'assassinat de patriotes polonais, de trahison du peuple et d'avoir été le valet de la Gestapo ». Torturé, condamné à mort par pendaison, il est jeté dans la cellule du général S.S. Jürgen Stroop. Les deux hommes, ennemis mortels la veille, passent neuf mois ensemble dans le couloir de la mort. Au moment de la disparition de Staline (1953), la peine de Moczarski est commuée en prison à perpétuité. En 1956, il est libéré et un nouveau jugement le réhabilite, reconnaissant qu'il a été victime des crimes staliniens lorsque la volonté de Moscou était d'éliminer les forces vives de la Pologne résistante. Son procès est l'unique procès public intenté au stalinisme en Pologne. Les Entretiens avec le bourreau (1972) sont le livre qui bouleversa le plus l'opinion publique polonaise dans la seconde moitié du xxe siècle. K. Moczarski, emprisonné par ses compatriotes dont il eut à subir 49 tortures différentes, alors qu'il s'était battue pour sa patrie, y raconte ses conversations avec le liquidateur du ghetto de Varsovie, qui pour lui, est l'alter ego des officiers d'investigation communistes qui veulent le priver de son honneur de soldat et de sa dignité d'homme. Écrit dans un style très sobre, le récit pose la question de la liberté de l'homme face aux totalitarismes, de l'importance des convictions humanistes, du caractère salutaire de la distance intellectuelle dans les situations les plus complexes.