Matsuo Munefusa, dit Basho

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Poète japonais (Ueno, province d'Iga, 1644 – Osaka 1694).

Fils d'un petit guerrier, il est attaché dès l'enfance à Todo Yoshitada, héritier du seigneur d'Ueno, en compagnie duquel il reçoit les leçons du maître de haikai Kitamura Kigin. Après la mort prématurée de Yoshitada (1666), il se partage entre son pays natal et Kyoto, où il poursuit sa formation poétique, puis se rend en 1672 à Edo, la capitale shogounale, où il fonde bientôt sa propre école et s'installe au Basho-an, « l'Ermitage du Bananier », auquel il empruntera son pseudonyme. Chassé momentanément de son nouveau logis par un incendie, il profite du délai nécessaire à sa reconstruction pour effectuer la première des longues pérégrinations qui, à l'imitation des moines-poètes du Moyen Âge, le conduiront aux quatre coins de l'île principale. Il y puisera la matière de ses cinq « journaux de voyage », où les vers de haikai (hokku), se trouvent à la fois explicités et sertis par la prose poétique ou haibun. Basho donnera ainsi successivement Dussent blanchir mes os, récit d'un pèlerinage accompli sur la tombe de sa mère en 1685, plusieurs relations de voyages effectués dans des sites célèbres pour leurs fleurs de cerisiers (le Carnet de la hotte, 1687-1688) ou leur lune automnale (Notes d'un voyage à Kashima, 1687 ; À Sarashina, 1688), et surtout la Sente étroite du bout du monde, journal d'un immense périple (près de 2 400 kilomètres parcourus en sept mois) qui le mène en 1689 jusque dans les lointaines marches septentrionales. Déjà atteint par le mal qui devait l'emporter, il consacrera les cinq dernières années de sa vie à polir cet ultime chef-d'œuvre. Confronté successivement au formalisme volontiers tatillon de l'école Teimon que professait son premier maître, puis à l'exubérance de l'école Danrin à laquelle il se rattacha lors de son arrivée à Edo, Basho élabore progressivement un art poétique original. Dans cette synthèse où les influences de la poésie classique chinoise viennent enrichir la tradition proprement japonaise, Basho cherche à faire du haikai un moyen pour s'unir avec le cours naturel des choses, sans renoncer pour autant à la veine humoristique ni se couper de la réalité quotidienne. Avec lui le haikai devient l'expression de la poésie la plus haute.