Marie-Joseph Chénier
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Écrivain français (Istanbul 1764 – Paris 1811).
Frère puîné d'André, il fit avec lui ses études au collège de Navarre. Il composa très jeune des comédies et des tragédies (Azémire, 1787) mais n'obtint le succès qu'avec la Révolution. La tragédie Charles IX ou l'école des rois, d'abord interdite par la censure en 1788 et régulièrement jouée après novembre 1789, dénonce l'alliance de l'Église et de la Royauté, responsables du massacre de la Saint-Barthélemy. Jean Calas (1793) exploita cette veine voltairienne, tandis que Caius Gracchus développait la référence romaine. Devenu poète quasi officiel de la Révolution, il participa avec David et Méhul à l'organisation des grandes fêtes républicaines et composa des hymnes pour les principaux événements. Sa tragédie Fénelon (1793) exalte un prélat philosophe et appelle à la tolérance, mais Timoléon, critique du despotisme, ne put être représentée sous la Terreur. Après le coup d'État de Brumaire, il resta républicain et se retira dans une retraite critique, rendit hommage à son maître dans l'Épître à Voltaire (1806), attaqua les auteurs spiritualistes, et répondit à ses ennemis qui le rendaient responsable de la mort de son frère dans le discours en vers Sur la calomnie. Il composa encore plusieurs pièces qui ne furent pas jouées, dont Tibère, attaque acerbe du pouvoir arbitraire. Devant l'Académie, il dressa un Tableau de la littérature française depuis 1789 (1808).