Malcolm de Chazal
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Écrivain mauricien de langue française (Vacoas 1902 – Curepipe 1981).
Ingénieur sucrier en Louisiane, il publie à Maurice, après un séjour à Cuba et un voyage en France entre 1939 et 1945, sept volumes de Pensées, où il trouve peu à peu le ton fulgurant d'une révélation prophétique. Grâce à A. Breton et à J. Paulhan (qui reconnaissent en lui une sorte de météore poétique), il fait éditer à Paris Sens plastique (1948) et la Vie filtrée (1949). Par la suite, il publiera surtout chez les éditeurs confidentiels de l'île Maurice (Petrusmok, 1951 ; Sens magique, 1956 ; Sens unique, 1974), et parfois à Paris (Poèmes, 1958 ; l'Homme et la Connaissance, 1974), menant parallèlement une carrière de peintre, dont les tableaux de style naïf surprennent ses compatriotes. Influencée par la tradition occultiste (Swedenborg) et les rêveries de R.-E. Hart sur la « Lémurie » mythique, l'œuvre de Chazal peut se lire comme un récit d'initiation. La pratique obstinée de la métaphore et de la synesthésie développe, dans des aphorismes abrupts et insolites, une systématique de l'analogie, pour mettre au jour les correspondances universelles et un processus d'hominisation général de la nature. Dans les cosmogonies inspirées, l'île Maurice se révèle le lieu magique absolu, à la fois paradis retrouvé, monde des fées et de l'enfance maîtresse.