Lituanie
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Malgré la richesse de sa poésie orale (dainos), la Lituanie n'a connu, jusqu'au xvie s., qu'une littérature de cour en latin, en polonais et en russe. Avec la Réforme émerge une littérature écrite, d'abord cléricale (Catéchisme de Mazvydas, 1547 ; Bible de Bretkunas, 1536-1602), puis profane (Fables d'Ésope, 1706), qui livre avec les Saisons (1765-1775) de Donelaitis son premier chef-d'œuvre, tandis que s'amorce l'étude du lituanien (premier dictionnaire en 1629). L'union à la Russie (1795) suscite autour de l'université de Vilnious et des collecteurs du folklore (L. Résa, 1825) un éveil culturel exprimé par la poésie de A. Klementas (1756-1823), de A. Strazdas (1763-1833), de D. Poska (1757-1830), et qui culmine dans l'œuvre de Baranauskas (le Bois d'Anyksciai, 1859), mais qu'interrompt brutalement la répression du mouvement national de 1863. Dans ce climat s'organise autour du journal Varpas (1889-1905), en opposition au courant clérical et conservateur – J. Tumas-Vaizgantas, A. Jakstas, M. Satries-Ragana, le journal Ausra (1883-1886) –, qu'illustre aussi le grand lyrique Maironis, un cercle d'écrivains se réclamant d'une esthétique réaliste (poésie de V. Kudirka, roman de Zemaite) : celle-ci s'impose, malgré l'attrait des tendances « modernistes » – symbolisme de Baltrusaitis, drames de Vydunas –, dans les romans paysans des sœurs Lazdynu-Peléda, les vers prolétariens de Janonis, les récits ouvriers de Biliunas et la critique de Mickevicius-Kapsukas. L'indépendance (1919) favorise l'influence de l'Occident et des mouvements d'avant-garde (futurisme, expressionnisme, surréalisme), tandis que les écrivains démocrates (les poètes K. Boruta, Venclova, Montvila, S. Neris, L. Gira, le prosateur P. Cvirka), groupés autour du journal Troisième Front (1930-1931), rallient à leur critique de la société bourgeoise des auteurs d'abord non engagés (les romanciers Mykolaitis-Putinas, Vienuolis, les dramaturges V. Kreve, B. Sruoga) : ils seront, après 1940 et la réunion à l'U.R.S.S., les pionniers d'une littérature d'abord épique et monumentale (romans d'édification de Dovydaitis, Baltusis ; fresques sociales et historiques de E. Simonaityté, de Gudaitis-Guzevicius, de Vienuolis), mais qui, après 1956, évoluera vers une problématique neuve de la société et de l'individu (romans de Avyzius, de Bubnys, de M. Sluckis ; théâtre de A. Gricius, de J. Grusas), tandis qu'avec J. Marcinkevicius et E. Miezelaitis, qui occupent aujourd'hui le devant de la scène, la poésie retrouve le chemin des recherches formelles.