John Ruskin
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Critique d'art et écrivain anglais (Londres 1819 – Brantwood, Cumberland, 1900).
Fils d'un riche commerçant, il écrit son premier ouvrage, les Peintres modernes (1843-1860), pour défendre Turner et les préraphaélites. Il développe ses idées esthétiques dans les Sept Lampes de l'architecture (1849), les Pierres de Venise (avec un chapitre à la gloire de l'art gothique, 1851-1853), ses Conférences sur l'architecture et la peinture (1853). La seule voie à suivre pour le créateur passe par celle que lui offre le spectacle de la nature. Il doit s'inspirer de la perfection de ses moindres détails, dont chaque partie, parfaitement finie, atteste une volonté supérieure et constitue un hymne à cette volonté qui nous dépasse. Il faut que la pâte du tableau ou la pierre travaillée deviennent le reflet d'une âme et atteignent à l'acte de foi. Sacrifice, vérité, force, beauté, vie, souvenir et obéissance, ces « sept lampes de l'architecture » guideront la main de l'homme, seule capable de donner naissance au beau. Ruskin ne peut apporter son aval à une société qui ne produit que de la laideur et où la machine tend à écraser l'homme. Le combat pour la beauté s'inscrit dans un contexte plus général de lutte pour la vie, pour la civilisation. Ainsi, les problèmes sociaux nés de la civilisation moderne sont examinés dans l'Économie politique de l'art (1857), Sésame et les Lis (1865), la Couronne d'olivier sauvage (1866), la Bible d'Amiens (1880-1885), qui déterminera Proust à donner à sa Recherche du temps perdu l'architecture d'une cathédrale. Cette action prend aussi un aspect épistolaire : Flux et Reflux (1872), Fors Clavigera (1871-1887), adressé « aux ouvriers et travailleurs d'Angleterre ». Professeur d'histoire de l'art à l'université d'Oxford (1869-1878 et 1883-1884), Ruskin entreprend une autobiographie demeurée inachevée, Praeterita (1885-1889), et dépense sa fortune à créer des œuvres sociales. Carlyle fut son ami et, souvent, son inspirateur.