Jean-Paul de Dadelsen
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Poète français (Strasbourg 1913 – Zurich 1957).
Né en Alsace d'une famille protestante, attentif à la dimension internationale de la poésie, il est l'auteur d'une œuvre brillante, rare. Grand voyageur comme Cendrars, engagé à la BBC après la guerre, il est journaliste comme son ami Camus (qui, avec Henri Thomas, fera publier Jonas, en 1962, à titre posthume), puis accompagne en fonctionnaire brillant l'essor européen, lorsqu'une tumeur lui ôte la vie.
Sa parole saisit par son ampleur, un flux qui excède les formes habituelles, et se place, après Nerval, après Apollinaire, à l'écoute du monde de « l'ange insolite », l'Allemagne, celle de Bach (Bach en automne, 1956), de Goethe, celle du romantisme, sans doute aussi celle de la mystique rhénane. Agrégé d'allemand, il connaît la langue et l'histoire du pays comme aucun. Nulle concession non plus aux limites de la mesure, mais un « lyrisme à l'état sauvage » (Thomas) qui se détourne des minimalismes commodes pour se donner, au désespoir des typographes, l'espace et les mots de son déploiement. Déroutante, la mise en page révèle d'autres surprises dont celle d'un humanisme fervent et pessimiste, tendre souvent, et doté de mots justes, attentif aussi bien à la réalité profonde des êtres (Oncle Jean, achevé en 1955) qu'à une voix profonde du monde. On a parlé de lui comme d'un « Claudel luthérien ».