Ippolito Nievo
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Écrivain italien (Padoue 1831 – en mer Tyrrhénienne 1861).
Patriote mazzinien, il participa aux côtés de Garibaldi à l'expédition des Mille et mourut dans un naufrage à son retour de Sicile. Ses poésies, nouvelles, tragédies, romans de jeunesse (Ange de bonté, 1855 ; le Comte berger, 1857) éclairent la genèse de son chef-d'œuvre, le roman posthume Confessions d'un Italien, d'abord publié en 1867, sous le titre de Confessions d'un octogénaire. C'est un roman politique et sentimental dans lequel le narrateur, Carlo Altoviti, relate l'histoire d'Italie de 1775 à 1855 à travers ses mémoires. Né d'une mésalliance de sa mère, qui a été mise au ban de la famille, il est élevé en demi-bâtard dans le château de son oncle le comte de Fratta, qui représente la décadence dans laquelle est plongée l'aristocratie vénitienne. Dans le château, Carlo s'éprend de sa cousine, la Pisane, qui, pour piquer sa jalousie, se laisse marier à un noble vieillard. Étudiant à Padoue, il essaie de l'oublier en s'enflammant pour les nouvelles idées propagées par la Révolution française. Sa vie s'identifie désormais aux mouvements patriotiques et libéraux du Risorgimento auxquels, gagnée par la noblesse des causes qu'il défend, la Pisane participe avec lui. Condamné aux travaux forcés, un moment aveugle, exilé à Londres où il perd sa compagne, il rentre à Venise en 1823 et conquiert peu à peu la sérénité au contact de ses nombreux enfants et petits-enfants en qui s'incarne l'Italie nouvelle pour laquelle il s'est battu toute sa vie. Dans son expression romanesque ou critique (Études sur la poésie populaire et civile en Italie, 1854), l'adhésion de Nievo au romantisme est une forme d'engagement politique. Quant à sa réflexion politique proprement dite (Venise et la liberté de l'Italie, Fragment sur la révolution nationale), loin d'être un simple bilan des événements de son temps, elle engage l'avenir des luttes sociales en Italie, en insistant sur la nécessité d'une réforme agraire permettant d'associer les masses paysannes à la révolution nationale.