Giosuè Carducci
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Écrivain italien (Val di Castello, près de Lucques, 1835 – Bologne 1907).
Professeur et humaniste classique, il participa activement à la vie politique de son temps. Élevé dans le culte des luttes héroïques du Risorgimento, puis adversaire acharné du gouvernement qui avait réalisé l'unité italienne, au nom d'un jacobinisme teinté d'anarchisme libertaire, il finit par se rallier à la monarchie libérale. Il fut le premier écrivain italien à obtenir le prix Nobel (1906). Chantre officiel de la nouvelle Italie, il est aussi l'auteur d'écrits intimes d'une grande sensibilité (Confessions et batailles, 1882-1884). Son œuvre, modèle de classicisme formel et de noblesse morale, traditionnellement opposée à celle des « décadents » D'Annunzio et Pascoli, présente de nombreuses traces d'une inquiétude psychologique typiquement moderne. Dans l'édition définitive de son œuvre poétique (1901), Carducci a suivi des critères thématiques et formels, en rassemblant dans l'ordre : Poèmes de jeunesse (1850-1860), Poèmes légers et graves (1861-1871), Rimes nouvelles (1861-1887), À Satan (1863), Iambe et Épode (1867-1879), Intermède (1874-1878), Poésies et rythmes (1899), Chanson de Legnano (inachevée), le Parlement (1879). La grande saison poétique de Carducci (1867-1886) évolue idéalement d'une satire politique à une célébration épique des grandes figures et des grands faits de l'histoire italienne, pour atteindre dans les Odes barbares (1877), augmentées en 1882 et 1889 de Nouvelles Odes barbares et de Troisièmes Odes barbares, une vision héroïque du monde qui, libérée de tout contenu historico-politique, devient une pure catégorie de l'âme humaine et de la nature. L'expression de cet idéal s'affranchit de la rime et crée une forme poétique nouvelle sur le modèle de la prosodie gréco-latine.