Georg Brandes
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Critique danois (Copenhague 1842 – id. 1927).
Il proclame dans son premier ouvrage (le Dualisme dans notre récente philosophie, 1866) un athéisme influencé par Feuerbach. Un séjour à Paris lui fait découvrir Taine et Sainte-Beuve au contact desquels il se débarrasse du discours universitaire pour s'adresser directement au public. Critique de l'hebdomadaire Illustreret Tidende, il déploie comme journaliste sa faculté critique face aux questions sociales : « Soumettre les problèmes à la discussion », tel est son mot d'ordre. Réclamant un langage nouveau et concret, il fait la chasse aux épigones des romantiques ; ces articles, réunis dans Études esthétiques (1868) et Critiques et Portraits (1870), sont complétés par sa thèse sur Taine (l'Esthétique française d'aujourd'hui, 1870). Brandes est avant tout homme de liberté, comme il ressort de sa série de conférences, Principaux Courants de la littérature européenne du xixe siècle, qui débuta le 3 novembre 1871 pour se terminer seulement en 1890 : c'est une date importante dans l'évolution de toutes les littératures scandinaves, car Brandes exerça bientôt une influence décisive non seulement au Danemark, mais aussi en Suède et en Norvège. Traducteur de l'ouvrage de Stuart Mill sur l'oppression de la femme, il soutenait qu'on ne pouvait réprimer l'instinct sexuel sans amoindrir l'homme. L'évolution de Brandes le rapprocha de Nietzsche (Radicalisme aristocratique, 1889 ; la Bête dans l'homme, 1890). Ses recueils de souvenirs (Vie I-III, 1905-1908), ses études sur les grands hommes (William Shakespeare, 1895-1896 ; Goethe, 1914-1915 ; Voltaire, 1916-1917 ; Caius Julius Caesar, 1918 ; Michelangelo Buonarotti, 1921) ou ses pamphlets contre le judéo-christianisme (la Légende de Jésus, 1925 ) témoignent de cet attrait de plus en plus fort pour les individualités exceptionnelles, de cette conception de plus en plus polémique de l'art, qui subjugua plusieurs générations d'écrivains et de lecteurs.