Elio Vittorini
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Écrivain italien (Syracuse 1908 – Milan 1966).
Éditeur, traducteur de romanciers américains Faulkner, Caldwell et Saroyan), critique et romancier, il a lié son nom à tous les grands débats de l'après-guerre sur la littérature engagée. Son premier roman, l'Œillet rouge (1933), récit d'une éducation sentimentale à l'époque de la montée du fascisme, fut augmenté en 1948 d'une importante préface sur les rapports entre le mélodrame et le roman. Conversation en Sicile (1941), son chef-d'œuvre romanesque, accomplit une rare fusion entre tension intellectuelle et lyrisme du souvenir, engagement politique et transfiguration symbolique. La veine poétique de ses romans postérieurs les Hommes et les autres, 1945 ; Le Simplon fait un clin d'œil au Fréjus, 1947 ; les Femmes de Messine, 1949 et 1964) est contrariée par des préoccupations documentaires et une constante volonté d'expérimentation. L'exemple le plus spectaculaire de l'expérimentation vittorinienne est constitué par la réécriture, à quinze ans de distance, de Femmes de Messine, dont l'action, d'abord située au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, est adaptée, dans la seconde version, au climat social et politique des années 1960. Il a laissé deux romans inachevés, l'un volontairement, Erica (1956), le second interrompu par la mort de l'auteur, les Villes du monde (posthume, 1969). D'autre part, Vittorini a profondément marqué la littérature italienne de l'après-guerre par son activité critique, d'abord au sein de la revue de « culture contemporaine » Il Politecnico (1945-1947), patronnée par le P.C.I. – mais Vittorini se heurte aux plus hautes autorités du parti (Lettre à Togliatti, nº 35) en soutenant le principe de l'autonomie du travail culturel par rapport à la pratique politique –, puis dans Menabò, revue qu'il dirige avec Calvino de 1959 jusqu'à sa mort et qui vise à définir l'engagement de l'écrivain en des termes non plus seulement politiques, mais scientifiques.