Charles De Coster

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain belge de langue française (Munich 1827 – Ixelles 1879).

Il fit des études de lettres et de philosophie à l'Université libre de Bruxelles, et fonda, dès 1847, le périodique illustré Uylenspiegel, qui devint vers 1860 l'organe du jeune libéralisme et où il publia des récits inspirés du folklore de son pays. Ce premier recueil fut suivi, en 1861, des Contes brabançons, plus réalistes, puis en 1867 de la Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au pays de Flandres et ailleurs, qui retrace la vie et les actions du farceur légendaire et national. En fait, plusieurs thèmes se greffent sur l'histoire centrale, inspirée des livrets de colportage et de l'imagerie populaire : celui des amours de Kathline, la sorcière séduite, auquel il faut rattacher les scènes de sabbat et de sorcellerie, ainsi que les visions. Sur la toile de fond des guerres de Religion dans les Pays-Bas espagnols au xvie siècle, le héros se détache comme l'âme de la résistance flamande, mais De Coster en a fait aussi un champion de l'anticléricalisme. Le lecteur de la Légende est frappé, dès l'abord, par le caractère archaïque d'une langue qui semble empruntée au Pantagruel de Rabelais ou à Marnix de Sainte-Aldegonde. Toutefois, De Coster a fait un usage très personnel des matériaux et des procédés anciens. Car si l'archaïsme semble souvent destiné à renforcer l'« effet de réel » du récit, il fait à d'autres moments basculer l'histoire dans l'irréalisme poétique. La Légende d'Ulenspiegel est le premier chef-d'œuvre incontestable de la littérature française de Belgique. Son succès ne se dessina que lentement, et l'influence de De Coster sur le « réveil » des lettres françaises de Belgique en 1880 est difficile à évaluer. Il est certain cependant qu'il incita certains jeunes écrivains à explorer la veine « flamande » afin d'y trouver l'exemple, pour citer Georges Eekhoud, « d'une littérature franche, colorée, vigoureuse et grasse comme le bel art flamand de nos peintres ».