John Bunyan

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain anglais (Elstow, près de Bedford, 1628 – Londres 1688).

Chaudronnier, nourri de culture populaire, il assiste dans les armées de Cromwell au conflit entre la grâce et l'organisation. Son mariage (1647) déclenche une crise dont il sort prédicateur baptiste (1653). Emprisonné pour douze ans dès la Restauration (1660), il prêche « en chaînes aux enchaînés » la résistance passive et la gloire future. L'Abondance de la grâce (1666), récit de sa conversion, prélude au Voyage du pèlerin (1678), allégorie qui deviendra, avec la Bible, l'un des textes les plus lus dans le monde anglophone. Le héros, Chrétien, parcourt un monde surchargé de sens : ayant fui la cité de la Destruction, il affronte, guidé par Évangéliste, le marais du Désespoir, traverse la vallée de l'Ombre de la Mort et la ville de Vanité, avant de gagner enfin la porte de la Cité céleste, qui ne fera que s'entrouvrir pour lui. Dans la deuxième partie (1684), son épouse Christiana décide d'accomplir le même voyage avec ses enfants. Rongé par l'angoisse d'indignité, préférant le désespoir à la tiédeur, Bunyan lutte contre la morosité et le légalisme calvinistes en célébrant l'épreuve, le dynamisme de la foi, l'indifférence aux malheurs ; reprenant l'imagerie chevaleresque, il fait du croyant le champion des certitudes conquises et de la droiture envers l'Âme, le Livre et Dieu. Vie et mort de M. Méchanthomme (1680) et la Sainte Guerre (1682) illustrent, avec moins de verdeur, la réorientation du non-conformisme populaire vers la spiritualisation, puis la moralisation de la vie quotidienne.