Augustin Thierry
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Historien français (Blois 1795 – Paris 1856).
Il fut un de ceux qui, en grand nombre au xixe s., se tournèrent vers l'histoire sous l'influence de W. Scott et surtout de Chateaubriand et qui, avec l'avènement du romantisme et son goût pour la restitution du passé, illustrèrent l'essor de cette discipline jusque-là peu en faveur. Au sortir de l'École normale supérieure, professeur, puis secrétaire de Saint-Simon, il s'occupe de journalisme, de politique, pour se consacrer enfin à la recherche historique. Dès 1820, où paraissent, dans le Courrier français, les Lettres sur l'histoire de France, s'affirment son désir de faire œuvre d'historien et ses conceptions. « Les hommes, écrit-il, et même les siècles passés doivent entrer en scène dans le récit, s'y montrer tout vivants » ; le récit doit être « la partie essentielle de l'histoire » : A. Thierry est en effet un adepte de l'histoire narrative. Ce libéral fonde son explication des soubresauts de l'histoire sur une thèse contestable : le conflit de deux races – celle des vainqueurs (les Normands, les Francs) devenus les seigneurs, la noblesse d'épée, et celle des vaincus (les Saxons, les Gaulois) devenus les serfs, le tiers état puis le peuple. Cette thèse, développée surtout dans son premier ouvrage paru en 1825, Histoire de la conquête de l'Angleterre par les Normands, encore sensible dans son ouvrage le plus célèbre, à juste titre, par son caractère vivant, exact et documenté, Récits des temps mérovingiens (1840), fait place à la fin de sa vie à une vision moins polémique et plus proche de la science historique dans l'Essai sur l'histoire de la formation et des progrès du tiers état (1850). Devenu aveugle dès 1833, il continua pourtant, avec l'aide de ses proches, ses recherches et travaux jusqu'à sa mort en 1856. Sa conception de l'histoire comme une narration vivante, par la couleur locale et l'analyse psychologique des personnages, en a fait un genre littéraire très goûté au xixe s.