Antoine Arnauld
dit le Grand Arnauld
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Théologien et écrivain français (Paris 1612 – Bruxelles 1694).
Converti dès 1635 par Saint-Cyran à l'interprétation de la nature humaine et de la grâce qui sera celle de l'Augustinus, prêtre et docteur en théologie (1641), il attaque les jésuites et vulgarise les doctrines de Jansénius dans son traité De la fréquente communion (1643). Censuré, exclu de la Sorbonne après sa Lettre d'un docteur de Sorbonne à une personne de condition, suivie de la Seconde Lettre à un duc et pair (1655), sur le sens des « Cinq propositions » condamnées par Innocent X, il reçoit l'aide des Provinciales de Pascal, mais se retire à Port-Royal, où il poursuit une double œuvre d'apologiste contre les protestants (le Renversement de la morale de Jésus-Christ par les calvinistes, 1672) et de professeur aux « Petites Écoles ». Il publie en 1660, avec Lancelot, une Grammaire générale et raisonnée, qui contient « les fondements de l'art de parler » et traite, en deux parties, de la « matière » de la parole (sons, orthographe) et de l'usage que les hommes font des mots pour « exprimer leur jugement sur les choses qu'ils conçoivent », c'est-à-dire des éléments du discours. Étape capitale dans l'histoire de la grammaire, le traité inspirera les pédagogues (définitions des parties du discours, méthode d'exposition) et les réflexions sur la langue des philosophes du xviiie siècle, préfigurant, selon Chomsky, la distinction entre « structure de surface » et « structure profonde ». Concernant la théorie de la signification, la grammaire est complétée par la Logique ou l'Art de penser, ouvrage dans lequel Arnauld et Nicole traitent successivement des idées, du jugement, du raisonnement et de la méthode. Reprenant la logique d'Aristote, mais intégrant la pensée de Bacon, de Descartes et de Pascal, ils combattent tous deux le sensualisme et insistent sur la proximité du langage et de la pensée. En 1679, Arnauld s'exile en Flandre et aux Pays-Bas. Esprit universel qui étonnait Leibniz, prenant toujours l'expérience concrète pour base de sa réflexion théologique, cartésien dans ses principes, c'est par lui que le jansénisme a marqué la pensée et la littérature de son siècle.