Alexandre Hardy
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Auteur dramatique français (Paris v. 1570 – v. 1632).
Premier dramaturge professionnel des temps modernes, il fut le « poète à gages » de plusieurs troupes. D'une prodigieuse fécondité – il écrivit plus de 600 pièces –, il ne publia (entre 1624 et 1628) que 34 tragédies, tragi-comédies et pastorales. Sujets antiques, division en cinq actes, présence fréquente du chœur, goût des fleurs de rhétorique, la tragédie de Hardy reste proche de la tradition de la Renaissance, mais on tue (Aristoclée), voire on viole (Scédase), sur la scène. L'action se resserre parfois en quelques heures (Mariamne), mais se distend le plus souvent pour se déployer, dans les tragi-comédies, dans le temps (Théagène et Chariclée compte 8 « journées » de 5 actes chacune) et dans l'espace (Elmire). Si parfois s'esquisse un conflit intérieur (Didon), c'est dans le heurt de deux volontés que réside le plus souvent le ressort dramatique : passions sommaires, saisies dans leurs conséquences plus que dans leur évolution psychologique (Timoclée ou la Juste Vengeance, Penthée). Ce théâtre, passant de l'horreur tragique à la galanterie romanesque, revendique son absolue liberté et condamne (dans la préface au Ravissement de Proserpine) la « tyrannique réformation » de la langue et de la scène : il fut en effet la cible des critiques des partisans du théâtre « régulier », hostiles à son compromis entre la tragédie oratoire humaniste et la tragédie irrégulière des baroques.