Alexander Pope
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Poète anglais (Londres 1688 – Twickenham 1744).
Issu d'une famille catholique, nabot presque difforme, frappé de tuberculose osseuse, Pope lutte toute sa vie pour être reconnu comme un minoritaire. Après des Pastorales (1709), il publie son Essai sur la critique (1711), poème didactique qui constitue le code du néoclassicisme à l'anglaise. Il s'assure, la même année, un triomphe par le tableau héroï-comique – à la fois satirique et très complaisant – des salons et des boudoirs (la Boucle de cheveux enlevée, 1712). Il plonge pour quinze ans dans une traduction d'Homère d'un redoutable poli, où se révèle un goût presque excessif pour la perfection formelle. Il « édite » Shakespeare, en lui prêtant un minimum de civilité (1725), puis se venge des attaques avec la Dunciade (1728-1742), « crétinade » (on appelait dunce un cuistre imbécile) qui est une virulente satire (nominale et souvent injuste) de ses confrères en poésie, grands prêtres de la déesse Ennui. Son Essai sur l'homme (1733-1734) est une bénédiction aux choses telles qu'elles sont et un hymne à la raison satisfaite : « Tout ce qui est est bien. » Il est atterré de voir qu'on le soupçonne d'avoir plaidé pour l'athéisme et la libre-pensée en évacuant le péché, le mal et le malheur. Ses Satires et Épîtres (1733-1738) imitent Horace et sont un hymne à la rancune sous le poli du vers.