Adenet le Roi
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Trouvère brabançon (vers 1240 – v. 1300).
Il fut le ménestrel du duc Henri III de Brabant (musicien, récitant, écrivain), puis du comte Gui de Flandre (après 1265), qu'il accompagna en Italie (il fut peut-être « roi des ménestrels », d'où son surnom). Il écrivit aussi pour la reine de France, Marie, épouse de Philippe le Hardi. Au cours de sa période d'activité littéraire connue (entre 1269 et 1285), il délaissa l'épique au profit du roman et de ses techniques. Buevon de Conmarchis (vers 1270) est un remaniement, entre chanson de geste et roman, du Siège de Barbastre, une des branches de la Geste Aymeri évoquant un fils d'Aimeri de Narbonne fait prisonnier par les sarrasins. Le remanieur restructure la trame narrative et accorde une place importante à la femme. Dans sa chanson de geste les Enfances Ogier (fin xiiie s.), modifiant la première partie d'un poème de Raimbert de Paris (la Chevalerie Ogier), il retrace les exploits du héros danois contre les sarrasins en Italie. Quant à Berthe au grand pied (vers 1275), c'est la mise en roman d'une légende rapportée par une chronique en prose de 1225, à propos de la mère de Charlemagne. Berthe est remplacée, la nuit de son mariage avec Pépin, par une serve, si bien qu'un doute pèse sur la naissance de Charlemagne ; elle est abandonnée par la suite dans les bois, recueillie pendant neuf ans et demi et retrouvée par Pépin. Cléomadès (1285) est un roman courtois inspiré par l'histoire magique du cheval d'ébène des Mille et Une Nuits (traité aussi dans Méliacin de Girard d'Amiens). Adenet tire parti de cette machinerie merveilleuse qu'est le cheval volant pour créer une intrigue riche en péripéties méticuleusement agencées, où se succèdent les combats et duels, les aléas des amours de Cléomadès et de Clarmondine et les aventures indéfiniment relancées. Fort de son expérience de voyageur, il promène son lecteur dans une Espagne et une Italie non christianisées.